Des habitants d’Alep quittent une zone tenue par les rebelles, le 13 décembre 2016. | KARAM AL-MASRI / AFP

Alors que l’armée de Bachar Al-Assad et ses alliés ont repris, mercredi 14 décembre, les combats à Alep-Est, les candidats à l’élection présidentielle française sont peu nombreux à avoir réagi, quand ils l’ont fait, sur la tragédie humanitaire qui frappe la deuxième ville de Syrie.

  • Les candidats à la primaire à gauche

« J’en appelle à la conscience humaine des dirigeants russes : sauvez les civils d’Alep ! », a simplement réagi Manuel Valls, mercredi 14 décembre, sur Twitter. L’ancien premier ministre a toutefois critiqué dans une interview au média en ligne Brut, le « tropisme pro-russe chez François Fillon » qui ne permettrait pas de préserver « assez l’indépendance de la France ». Selon M. Valls, la France « doit parler avec la Russie mais aussi dire avec la plus grande fermeté que ce qui se passe à Alep est intolérable, indigne, c’est une blessure pour l’humanité ».

La veille, Benoît Hamon a déclaré, lors de l’émission « Le Grand Journal », sur Canal+, qu’« Alep restera comme un des plus grands massacres de la dernière décennie, avec une Europe trop peu impliquée pour l’empêcher », tout en affirmant que Bachar Al-Assad « ne [faisait] pas partie de la solution côté syrien ».

Arnaud Montebourg, dans un communiqué publié mardi sur son site de campagne Arnaudmontebourg-2017.fr, souligne, lui, qu’Alep est le « symbole du martyr de soulèvement syrien ». « Je tiens à faire part de mon indignation profonde et de [ma] totale solidarité devant les exactions visiblement volontaires et même organisées qui frappent la population d’Alep et de ses alentours », confie le candidat à la primaire à gauche, qui rappelle l’urgence d’une « remobilisation politique de l’Europe ». « Il faut exiger dès les prochaines heures une initiative commune de l’ensemble des chefs de gouvernements pour mobiliser les autres puissances mondiales, Chine et Etats-Unis notamment, faire pression sur la Russie, l’Iran afin que cessent l’un des plus sinistres épisodes et l’un des plus lourds échecs diplomatiques de ces dernières années », fait valoir M. Montebourg.

  • Les autres candidats de gauche :

L’écologiste Yannick Jadot a lancé un appel à l’opinion publique dans une tribune au Monde, titrée « Alep crève, mobilisons-nous », coécrite avec l’essayiste Raphaël Glucksmann. « Nous assistons en direct à l’éradication d’une population (…) Alep crève depuis des mois et Marine Le Pen a applaudi Assad et Poutine, son modèle et son parrain. Alep crève et François Fillon a dit, dans un débat de la primaire démocratique de la droite française, “choisir Assad” avant de justifier Poutine. Alep crève et Jean-Luc Mélenchon a affirmé dans une émission populaire du service public : “Je pense que Poutine va régler le problème en Syrie” », dénonce ainsi le candidat écologiste.

Avant d’exhorter, dans cette même tribune : « Exigeons des candidats qu’ils s’expriment clairement et choisissons en fonction. Faisons entendre la voix des citoyens français fidèles à l’humanisme et l’universalisme dont notre pays aime se revendiquer. »

Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, est, quant à lui, resté jusqu’à présent silencieux sur la tragédie qui se déroule actuellement à Alep. En octobre, M. Mélenchon avait vivement dénoncé le bras de fer diplomatique mené par François Hollande avec la Russie, parlant de « bavardages » à propos des « crimes de guerre » commis selon Paris en Syrie.

De son côté, le Parti de gauche a publié mardi 13 décembre sur son site un communiqué dans lequel la formation cofondée par Jean-Luc Mélenchon réclame « de toute urgence (…) une résolution politique dans le cadre de l’ONU ». « La recherche d’une solution politique avec la tenue d’élections libres doit être la priorité pour le gouvernement français, précise le Parti de gauche. La France doit jouer son rôle de médiation en ne prenant parti ni pour Bachar Al-Assad, ni pour les Etats-Unis, ni pour la Russie, ni pour les monarchies du Golfe, mais en trait d’union pour construire un corridor humanitaire, face à ces massacres terribles de civils. »

Emmanuel Macron n’a pas non plus réagi ces derniers jours sur la situation à Alep. Le fondateur d’En marche ! avait déclaré, vendredi 9 décembre, sur Twitter, que « l’un des pires drames humanitaires de notre siècle, c’est ce qui se passe à Alep et que nous n’avons pas pu arrêter suffisamment ».

« [Si je suis élu], je parle en particulier à la Russie pour trouver un accord. Je parle dans le cadre d’une discussion onusienne (…) sans complaisance, et je n’achète pas les arguments de celles et ceux qui sont fascinés par M. Poutine, mais en même temps il faut être réaliste, avait déclaré le candidat d’En marche ! sur Public Sénat et Sud Radio. Je veux un mandat de l’ONU pour une intervention humanitaire sur Alep et toutes les autres zones. »

  • Les candidats de droite

Rares sont les réactions à droite sur la tragédie humanitaire que vit la population civile retranchée dans les quelques quartiers d’Alep encore sous contrôle rebelle et pilonnés par l’armée de Bachar Al-Assad et ses alliés.

François Fillon n’a rien dit ces dernières quarante-huit heures sur la situation de la deuxième ville de Syrie. Soutien affiché de Vladimir Poutine, lui-même pro-Damas, le vainqueur de la primaire de la droite a seulement témoigné sur Twitter de sa solidarité avec les chrétiens d’Orient, « seuls face à la barbarie terroriste », après l’attentat qui a fait 25 morts, dimanche 11 décembre, dans une église copte du Caire, et condamné le double attentat qui a frappé Istanbul le même jour (44 morts).

Même silence du côté de Marine Le Pen, qui n’a jamais dissimulé ses positions pro-russes et sa proximité avec Vladimir Poutine. La candidate du Front national s’est toujours montrée, comme François Fillon, en faveur d’un rapprochement avec Moscou en matière de politique étrangère.