Premiers clients pour les drones d’Amazon et de La Poste
Premiers clients pour les drones d’Amazon et de La Poste
Par Jean-Michel Normand
Des livraisons commerciales ont débuté – à petite échelle – en France et au Royaume-Uni.
Amazon Prime Air’s First Customer Delivery
Durée : 02:06
Treize minutes de célébrité
C’est la saison des « premières » chez les aspirants livreurs par drone. Mercredi 14 décembre, un tweet de victoire de Jeff Bezos, patron d’Amazon, a annoncé au monde le premier vol commercial réalisé par l’entreprise. En treize minutes, le drone a livré, à un certain Richard B. demeurant dans le Cambridgeshire, un paquet de pop-corn accompagné d’un décodeur de télévision Amazon. L’appareil s’est posé au sol sur un point désigné par une cible, entre un rideau d’arbres et la maison du client, avant de revenir vers sa base, à quelques kilomètres.
Amazon, qui a effectué ce premier vol commercial au Royaume-Uni faute d’avoir pu obtenir de l’aviation civile américaine l’autorisation nécessaire, compte deux clients test pour l’instant, mais entend élargir son portefeuille à plusieurs centaines les prochains mois.
Clin d’œil à Donald Trump
On relève au passage que le tweet de Jeff Bezos a été diffusé quelques heures avant une rencontre prévue entre le patron d’Amazon, ainsi qu’une poignée de grands businessmen, et Donald Trump. Un message adressé au président élu, grand apôtre de la dérégulation. Le drone d’Amazon, un quadricoptère, a quitté le centre de livraison sur un rail qui l’a directement acheminé à son aire de départ.
Programmé pour évoluer en vol automatique à une altitude inférieure à 400 pieds (122 mètres), il est néanmoins resté sous la surveillance d’un opérateur prêt à intervenir en cas de difficulté. Une précaution qui ne pourra pas être reproduite systématiquement dans le cadre d’un système de livraison automatisé à grande échelle.
L’hexacoptère de DPD Group (La Poste) peut embarquer jusqu’à 3 kg de charge utile | DPD Group
Une liaison de 14 kilomètres dans le Var
DPD Group, filiale du groupe La Poste, a annoncé simultanément une « première mondiale » avec l’ouverture, depuis un mois, « d’une ligne de livraison commerciale régulière de 15 km de long ». DPD Group a obtenu de la Direction générale de l’aviation civile l’autorisation de livrer par drone des colis dans le Var, entre Saint-Maximin-la-Sainte-Baume et Pourrières, localité isolée ou se trouve le Centre d’études et d’essais pour modèles autonomes (Ceema), plate-forme aéronautique qui réalise de nombreux essais.
« Cette ligne permet de livrer une pépinière d’entreprises isolées qui regroupe une douzaine de start-up », précise un communiqué. L’autorisation, qui se limite pour l’instant à un seul vol par semaine, s’effectue avec un drone mis au point par DPD qui, comme celui d’Amazon, vole en suivant un itinéraire préprogrammé sous la surveillance d’un opérateur.
La Poste a accumulé deux années et demie de tests et plus de six cents heures de vol avec ce drone, qui peut transporter une charge utile de 3 kilogrammes sur 20 kilomètres, à une vitesse de croisière de 30 km/h, et qui dispose d’un parachute à ouverture automatique.
Le drone d’Amazon en phase d’atterrisage, le 14 décembre 2016. | HO / AFP
Desservir des zones difficiles d’accès
Ces premiers (petits) pas réalisés par Amazon et La Poste visent à trouver des solutions pour la desserte de zones difficiles d’accès (régions de montagne, îles, territoires ruraux mal desservis) mais aussi les habitats très peu denses. Ces expérimentations ont pour objet de trouver des solutions pour « le dernier kilomètre », la partie la plus délicate, mais aussi la plus coûteuse des activités logistiques.
Selon une étude d’ARK Invest, la livraison par drones pourrait permettre à Amazon de réduire considérablement le coût d’une livraison intra-urbaine en la faisant chuter à 1 dollar. Reste qu’au préalable il faudra améliorer la capacité des drones à éviter les obstacles mobiles (à commencer par les autres drones) et obtenir que la législation autorise la généralisation de ce mode de livraison.