Le président philippin, Rodrigo Duterte, le 11 décembre à Tarlac, dans le nord de l’archipel. | © Czar Dancel / Reuters / REUTERS

Le Millennium Challenge Corporation américain (MCC), un organisme gouvernemental américain, n’a pas renouvelé un programme d’aide à Manille à cause d’inquiétudes quant au respect de l’Etat de droit par le gouvernement de Rodrigo Duterte. Celui-ci a lancé une guerre contre le trafic de drogue qui a fait plus de 5 000 morts en moins de six mois.

Le MCC, qui veut promouvoir la croissance économique et réduire la pauvreté, n’a pas sélectionné l’archipel pour un nouveau programme d’aide. Le précédent programme d’une durée de cinq ans, pour 433,9 millions de dollars, s’est achevé en mai. Le MCC a annoncé des nouveaux programmes d’aide pour le Burkina Faso, le Sri Lanka et la Tunisie.

Les pays ne peuvent prétendre à cette aide que « s’ils font la démonstration d’un engagement envers une gouvernance démocratique et juste, s’ils s’investissent dans leur peuple, et sa liberté économique », explique le MCC sur son site.

Critiques de Barack Obama

Washington a critiqué la campagne de répression contre la criminalité menée dans l’archipel. Ces reproches émanent en particulier du président Barack Obama. M. Duterte a réagi en le traitant de « fils de pute ». Le président philippin cherche également à se rapprocher de la Chine et de la Russie.

La police a annoncé avoir tué 2 086 personnes dans des opérations antidrogue depuis l’entrée en fonctions de M. Duterte le 30 juin. Pus de 3 000 autres ont été abattues dans des circonstances inexpliquées, d’après les chiffres officiels.

Bien souvent, des hommes masqués font irruption dans les bidonvilles pour tuer les gens qui ont été signalés comme des trafiquants ou des toxicomanes. Les militants dénoncent la fin de l’Etat de droit, parlant de policiers et de tueurs à gages qui agissent en toute impunité.

Mais d’après M. Duterte, la police agit en légitime défense et de nombreux décès résulteraient de règlements de comptes entre bandes criminelles. Cette semaine, il a déclaré avoir tué personnellement des délinquants présumés lorsqu’il était maire de Davao, grande ville du sud de l’archipel, pour montrer l’exemple à la police.

Les sondages montrent que les Philippins soutiennent très largement la croisade présidentielle, jugeant comme lui que c’est la seule façon d’empêcher l’archipel de devenir un narco-Etat. Une dernière enquête publiée jeudi par Social Weather Stations montre que 77 % des Philippins sont « satisfaits » de la performance de leur président.

Philippines : le président Rodrigo Duterte affirme avoir tué des criminels pour montrer l’exemple
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