L’amiante sera interdit au Canada d’ici à 2018
L’amiante sera interdit au Canada d’ici à 2018
Par Anne Pélouas (Montréal, correspondance)
Le pays fut l’un des plus gros producteurs d’amiante au monde et même le leader du secteur après la seconde guerre mondiale.
Une usine de production d’amiante dans la ville de Thetford Mines, au Québec. | GUILLAUME LAVALLÉE / AFP
Le gouvernement canadien a annoncé, jeudi 15 décembre, qu’il interdira l’amiante et l’importation de produits qui en contiennent d’ici à 2018, sans toutefois empêcher pour l’instant l’exploitation de résidus miniers. « Des preuves irréfutables nous ont amenés à prendre des mesures concrètes pour interdire l’amiante », a déclaré la ministre des sciences, Kirsty Duncan.
Le premier ministre, Justin Trudeau, en avait fait l’une de ses promesses électorales en 2015. Son gouvernement va préparer de nouveaux règlements qui interdiront la production, l’utilisation et l’importation ou l’exportation d’amiante, après consultation en 2017. De nouvelles mesures de protection seront édictées pour les travailleurs et les codes du BTP seront modifiés. Ottawa a toutefois laissé la porte ouverte, pour des raisons économiques, à la revalorisation des résidus d’amiante, dont on pourrait notamment extraire du magnésium, dans les villes proches d’anciennes mines, comme Asbestos et Thetford Mines, au Québec.
2 300 malades chaque année
L’annonce a été faite au centre de cancérologie d’un hôpital d’Ottawa, en présence de quatre ministres du gouvernement fédéral. La ministre de la santé, Jane Philpott, a déclaré que les ravages de l’amiante seraient ressentis encore pour plusieurs années au Canada à cause de nouveaux diagnostics liés à une exposition antérieure. « Respirer des fibres d’amiante, a-t-elle ajouté, peut causer de graves problèmes de santé, dont le cancer du poumon. L’exposition peut aussi engendrer le mésothéliome, un cancer rare et agressif. » Selon la Société canadienne du cancer, près de 2 300 cas de maladies liées à l’amiante sont décelés chaque année au niveau national.
Ottawa compte aussi revoir sa position en vue de la prochaine rencontre des signataires de la Convention de Rotterdam, traité qui régit le commerce international de produits dangereux, pour rejoindre les 156 pays qui considèrent l’amiante comme faisant partie de cette liste. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) condamne ce produit depuis trente ans, a rappelé la ministre de l’environnement, Catherine McKenna.
Le Canada fut l’un des plus gros producteurs d’amiante au monde et même le leader du secteur après la seconde guerre mondiale. Il a gardé des mines en activité jusqu’en 2011, rechignant à reconnaître les menaces posées par cette fibre minérale. Après la fermeture de la dernière mine en activité, à Asbestos, au Québec, le pays a continué à importer des produits contenant de l’amiante, notamment des plaquettes de frein automobiles et des tuyaux utilisés dans le BTP.