Guinée: fin de cavale pour l’aide de camp de l’ex-chef de la junte Dadis Camara
Guinée: fin de cavale pour l’aide de camp de l’ex-chef de la junte Dadis Camara
Le Monde.fr avec AFP
Toumba Diakité était recherché pour son implication dans le massacre d’opposants survenu dans le stade de Conakry en septembre 2009.
L’aide de camp de l’ex-chef de la junte guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara, qui avait tenté de le tuer et était recherché pour le massacre d’opposants dans le stade de Conakry en 2009, a été arrêté à Dakar, mardi 20 décembre.
Aboubakar Sidiki Diakité dit Toumba Diakité, visé par un mandat d’arrêt international pour son rôle dans le massacre de 2009, se cachait sous une fausse identité à Dakar et avait modifié son apparence depuis plusieurs années, a rapporté le quotidien L’Observateur. Selon les médias sénégalais, Toumba Diakité a été arrêté par la gendarmerie sénégalaise en fin de semaine dernière et a été présenté lundi à un juge d’instruction qui l’a placé en détention provisoire.
Au moins 157 personnes avaient été tuées par des militaires lors d’un rassemblement de milliers d’opposants à la candidature à l’élection présidentielle de Moussa Dadis Camara, le 28 septembre 2009 au stade de Conakry, selon la commission internationale d’enquête de l’ONU. Et 109 femmes, selon l’ONU, avaient été violées dans le stade et aux environs.
Toumba Diakité avait tenté le 3 décembre 2009 d’assassiner Moussa Dadis Camara, alors chef de la junte au pouvoir en Guinée, lui reprochant de vouloir lui faire porter l’entière responsabilité du massacre de Conakry.
Le capitaine Camara avait alors été transféré d’urgence à Rabat pour soigner une blessure grave à la tête. Il survit, mais devient un hôte gênant pour le royaume qui l’expédie au Burkina Faso, sans vraiment laisser le choix à Blaise Compaoré. Les détails de l’histoire ont été revélés grâce à la fuite des documents Wikileaks. M. Camara qui vit toujours à Ouagadougou été inculpé de « complicité de meurtres, de viols et de disparitions forcées » par la justice guinéenne pour son implication dans ce massacre d’opposants en juillet 2015.
Mardi soir, le ministre de la justice guinéenne, Cheick Sako a fait savoir par un communiqué qu’une demande d’extradition de Toumba Diakité serait formulée « dans le respect de la procédure ».
Un procès en 2017?
Il a par ailleurs précisé à l’AFP qu’une commission rogatoire internationale avait été transmise au Sénégal il y a deux mois. « On avait donc repéré Toumba Diakité à Dakar, on avait l’adresse précise, et c’est sur cette base que les juges d’instruction, via le ministère de la Justice de Guinée, sont partis à Dakar », a-t-il expliqué. Les autorités judiciaires guinéennes « vont travailler avec les autorités sénégalaises sur la procédure à appliquer: soit l’extradition immédiate, soit une première interrogation sur place », a-t-il ajouté.
« L’inculpation puis l’extradition de Toumba (Diakité) doivent se faire dans des délais raisonnables pour enfin clôturer l’instruction judiciaire et permettre aux autorités guinéennes de se conformer à leurs engagements de tenir un procès en 2017 » , a déclaré Dimitris Christopoulos, président de la FIDH. « Il est impératif que Moussa Dadis Camara et Toumba Diakité soient tous les deux présents au procès qui se tiendra en Guinée », a souligné le président de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme (OGDH), Abdoul Gadiry Diallo.