Un bref communiqué, envoyé tard dans la soirée, jeudi 1er juin, et relayé par SMS par son ancienne attachée de presse, la sénatrice PS des Pyrénées-Atlantiques, Frédérique Espagnac. « Donald Trump a pris une décision funeste pour les Etats-Unis », y assène François Hollande, dans la foulée de la décision du président américain de se retirer de l’accord de Paris sur le climat. Pour l’ancien chef de l’Etat, qui a fait de la COP21 l’un des fleurons de son bilan, ce retrait « ne suspend pas l’accord ». « Il doit au contraire en accélérer la mise en œuvre », poursuit-il, avant d’ajouter :

« C’est l’honneur de la France d’avoir été à l’initiative de négociations historiques. Ce qui s’est produit à Paris est irréversible. »

Avec ces quelques lignes, François Hollande est donc sorti du silence, moins de trois semaines après la passation des pouvoirs avec Emmanuel Macron. Avant de quitter l’Elysée, l’ancien président avait assuré qu’il s’astreindrait à une période de réserve, pour ne pas gêner son successeur et se refaire une forme de virginité. En privé, il jugeait sévèrement Nicolas Sarkozy qui était sorti de sa réserve dès le mois d’août 2012, moins de quatre mois après son départ, en envoyant un communiqué sur la Syrie.

« Quand on est ancien président, il ne faut pas être pressé. Lui a été trop pressé », avait ainsi confié M. Hollande au Monde dans un Falcon entre Paris et la Corrèze, le jour du second tour de l’élection présidentielle, le 7 mai. « Quand il parle de Sarkozy, c’est en fait de lui qu’il parle », s’était amusé l’un de ses proches, persuadé qu’il ne tiendrait pas un mois avant de s’exprimer. François Hollande aura tenu dix-huit jours. « Sur le climat, il n’avait pas le choix, il devait s’exprimer », relativise l’un de ses fidèles.

M. Hollande est rentré à Paris, après quelques jours passés dans le sud de la France chez son ami et ancien secrétaire général de l’Elysée, Jean-Pierre Jouyet. Un séjour endeuillé par la mort du frère aîné de l’ancien chef de l’Etat, Philippe, dans la nuit du 17 au 18 mai. Depuis, François Hollande a pris ses quartiers dans ses nouveaux bureaux, au 242 de la rue de Rivoli, dans le 1er arrondissement de Paris, avec une vue spectaculaire sur le jardin des Tuileries.

« L’effondrement de la maison socialiste l’affecte »

Une poignée de proches collaborateurs l’ont suivi dans cette nouvelle vie : son ancien directeur de cabinet à l’Elysée, le préfet Jean-Pierre Hugues, son conseiller corrézien, Frédéric Monteil, sa fidèle assistante Samia Ait-Arkoub, qui le suit depuis le PS. Le maire de Tulle, Bernard Combes, dispose aussi d’un bureau au « 242 ». L’ancien cuisinier à l’ambassade d’Irak a également été placé à son service. Selon un décret du 4 octobre 2016 relatif au « soutien matériel et en personnel apporté aux anciens présidents de la République », ces derniers peuvent disposer de sept collaborateurs, dont deux agents de service.

Depuis son retour à Paris, François Hollande suit de très près la campagne des élections législatives. Il appelle ainsi régulièrement le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, et ses amis politiques. Il a notamment dîné cette semaine avec son ancien ministre des finances, Michel Sapin.

Initialement persuadé qu’Emmanuel Macron n’obtiendrait jamais de majorité aux élections législatives et que le PS allait « se refaire » après la déroute à la présidentielle, l’ancien président – qui n’a jamais cru à l’effacement du clivage entre la droite et la gauche – a enfin compris que la déroute s’annonçait au contraire cruelle pour le parti qu’il a dirigé pendant onze ans. « Il reconnaît qu’il a sous-estimé la fluidité des électeurs entre les partis, confie un proche. L’effondrement de la maison socialiste l’affecte beaucoup. »

Comme chaque année, François Hollande se rendra le 9 juin dans son ancien fief de Corrèze pour la cérémonie annuelle en l’honneur des « pendus de Tulle » de la seconde guerre mondiale. « Ce sera ma roche de Solutré », avait-il confié.