Primaire de la droite : ce que les comptes racontent de la campagne
Primaire de la droite : ce que les comptes racontent de la campagne
Par Maxime Vaudano
François Fillon a consacré l’essentiel de son budget à ses meetings, quand Alain Juppé privilégiait les campagnes téléphoniques.
L’argent ne fait pas la victoire. C’est la première conclusion que l’on peut tirer des comptes de campagne des sept candidats à la primaire de la droite, rendus publics mercredi 21 décembre par la Haute Autorité chargée de l’organiser.
Si l’écart de budget entre les finalistes Alain Juppé et François Fillon est marginal (tous deux ont quasiment atteint le plafond de 1,5 million d’euros imposé par le parti Les Républicains, LR), c’est dans la queue de peloton que les hiérarchies se sont inversées : Nathalie Kosciusko-Morizet est arrivée quatrième, devançant Bruno Le Maire et Jean-Frédéric Poisson, qui disposaient d’un budget deux à cinq fois supérieur.
En rapportant le budget total au nombre de voix récoltées au premier tour, on peut prendre la mesure de l’efficacité de la campagne de François Fillon, qui n’a « dépensé » que 0,8 euro par voix en moyenne, si l’on ose l’exprimer ainsi. C’est bien moins que Bruno Le Maire et Jean-François Copé, dont les résultats électoraux sont loin d’être à la hauteur de l’argent mis sur la table.
Si le détail complet des dépenses engagées par les candidats pendant la durée officielle de la campagne (21 septembre-27 novembre) n’a pas été dévoilé – signe d’un exercice de transparence inachevé –, leurs comptes donnent une idée des grands choix qu’ils ont opérés, dans une campagne financée quasiment exclusivement par des dons privés, faute de dotation de LR.
On observe que François Fillon a consacré les deux tiers de son budget aux réunions publiques, loin devant Alain Juppé (51 %) et Nicolas Sarkozy (35 %, sans compter 8 % en caravanes électorales).
Le Sarthois est aussi le candidat qui a imprimé le plus de tracts et de programmes, juste devant Alain Juppé :
Plus modeste que lors de ses dernières campagnes sur les événements publics, l’ancien président Nicolas Sarkozy a fait une campagne coûteuse en personnel : 220 778 euros ont payé des intérimaires, en sus des 15 813 euros qui sont allés aux salariés de la campagne.
C’est aussi M. Sarkozy qui a dépensé le plus pour ses locaux de campagne et sa communication numérique :
Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a de son côté consacré plus de 16 % de son budget au démarchage téléphonique, qui lui a coûté près de 250 000 euros, contre à peine 24 000 à Nicolas Sarkozy et 13 000 à François Fillon.
Près de 45 000 euros ont financé sa campagne de propagande audiovisuelle (alors que François Fillon n’a pas dépensé un euro là-dessus), et 20 000 euros sont partis dans le conseil en image – soit près de deux fois plus que François Fillon.
Fait notable : aucun des trois favoris n’a commandé de sondages. Seuls Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Frédéric Poisson et Bruno Le Maire ont recouru à des enquêtes d’opinion, pour un montant compris entre 7 000 et 12 000 euros.