Attentat à Berlin : les questions qui se posent au lendemain de la mort d’Anis Amri
Attentat à Berlin : les questions qui se posent au lendemain de la mort d’Anis Amri
Le Monde.fr avec AFP
Comment le principal suspect de l’attaque, qui a fait douze morts et quarante-huit blessés, a-t-il pu parcourir plus de 1 000 kilomètres en Europe ? Que cherchait-il en Italie ?
La mort d’Anis Amri laisse place à beaucoup d’interrogations. Le principal suspect de l’attentat de Berlin a été abattu, vendredi 23 décembre, aux abords de la gare Sesto san Giovanni, à Milan, après avoir ouvert le feu sur deux policiers lors d’un contrôle d’identité. Entre le lundi soir, date de l’attaque perpétrée au camion bélier sur un marché de Noël berlinois, et sa mort, Anis Amri a réussi à parcourir armé plus de 1 000 kilomètres en Europe.
Passé la fierté d’avoir mis fin à la cavale du suspect, l’Italie se demandait samedi ce qu’était venu faire l’homme le plus recherché d’Europe dans la banlieue nord de Milan. Comment avait-il pu fuir lundi la scène de l’attentat sans que personne s’en aperçoive ? Comment avait-il pu traverser plusieurs frontières ? Se rendait-il à Sesto San Giovanni pour retrouver les membres d’un réseau ? Pour chercher de nouveaux papiers d’identité afin de quitter l’Europe ? Pour se venger de ses quatre années de détention en Sicile pour avoir incendié une école en 2011 ?
Passage par Chambéry
Pour le moment, les détails sur l’itinéraire du Tunisien de 24 ans sont maigres. Selon les enquêteurs de l’antiterrorisme milanais cités par le quotidien La Stampa, Anis Amri serait arrivé en train de France, et plus précisément de Chambéry. Il aurait passé trois heures à Turin, où les policiers analysent désormais les images de vidéosurveillance pour découvrir s’il a parlé à des contacts. La gare devant laquelle les policiers l’ont remarqué vendredi est le terminus d’une ligne de métro et une importante plate-forme de bus, qui voient transiter chaque jour de nombreux étrangers.
Les étapes de son parcours jusqu’à Milan restent encore floues, notamment son éventuel transit par la France. « La sous-direction antiterroriste de la police judiciaire est saisie (…) et procède à des vérifications poussées », a dit le directeur général de la police nationale française, Jean-Marc Falcone.
Déterminer s’il y a eu un réseau de soutien
De leur côté, les autorités allemandes poursuivaient samedi leur enquête, en cherchant d’éventuels complices qui pourraient l’avoir aidé à gagner l’Italie. « Le danger terroriste demeure », a prévenu la chancelière Angela Merkel. « Pour nous, maintenant, il est d’une grande importance de déterminer si dans la préparation et l’exécution » de l’attentat du marché de Noël « et la fuite du suspect, il y a eu un réseau de soutien, un réseau d’aide, des complices ou des personnes », a dit vendredi le chef du parquet antiterroriste, Peter Frank. Des « centaines » d’enquêteurs vont continuer à travailler sur ce dossier pendant les fêtes de fin d’année, a ajouté le chef de la police judiciaire allemande, Holger Münch.
La police allemande veut aussi savoir si l’arme utilisée à Milan est celle qui a servi à tuer le chauffeur routier polonais lundi à Berlin. C’est avec le camion de ce dernier qu’Anis Amri a foncé dans la foule du marché de Noël berlinois, tuant douze personnes et en blessant quarante-huit autres.