Une église irakienne célèbre son premier Noël après deux ans d’occupation djihadiste
Une église irakienne célèbre son premier Noël après deux ans d’occupation djihadiste
Le Monde.fr avec AFP
Après avoir envahi Bartella en 2014, l’organisation Etat islamique avait placé les chrétiens de la ville devant un choix : la conversion, le paiement d’une lourde taxe ou la mort. Une majorité d’entre eux avaient décidé de fuir.
De nombreux chrétiens se sont retrouvés dans l’église de Bartella, samedi 24 décembre, pour célébrer Noël. | Cengiz Yar / Cengiz Yar
Ils n’avaient plus fêté Noël depuis 2014. Des chrétiens d’Irak ont rempli, samedi 24 décembre, les bancs d’une église aux murs noircis par le feu, à Bartella, à quelques kilomètres de Mossoul, au nord du pays. Ils ont pu assister à la première cérémonie religieuse depuis la libération de la ville après deux ans de présence des combattants de l’organisation Etat islamique (EI).
Bartella a été reprise à la faveur de l’offensive lancée le 17 octobre par l’armée irakienne pour déloger le groupe djihadiste de Mossoul. Durant leur occupation, les soldats de l’EI ont détruit les crucifix de l’église Mar Shimoni et mis le feu au bâtiment. Ils avaient également placé les chrétiens de la ville devant un choix : la conversion, le paiement d’une lourde taxe ou la mort.
Dans leur immense majorité, les habitants avaient alors pris la fuite. Pour ce Noël 2016, les fidèles sont ainsi arrivés en autocars d’Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, où ils sont réfugiés.
« C’est un peu comme revenir à la vie »
Alors pour Nada Yaqoub, une fidèle de l’église Mar Shimoni, cet office de Noël est vécu comme une renaissance. « Je ne saurais décrire notre joie. C’est un peu comme revenir à la vie, a-t-elle expliqué à l’Agence France-Presse. Nous avons toujours senti nos crucifix autour du cour. Personne ne peut nous les arracher. » Le père Yaqoub Saadi veut voir dans cette célébration de Noël le début d’une nouvelle étape : « Notre message est que nous restons dans ce pays où sont nos racines et nos origines. »
Mais les dégâts que les djihadistes ont infligés à la ville sont encore bien visibles autour de l’église. Des éclats de crucifix, noirs de suie, jonchent le sol du bâtiment. A l’entrée, une statue a été décapitée. Et durant le service, les forces de sécurité irakiennes sont déployées autour de l’église à Bartella, où de nombreux bâtiments sont encore éventrés et où les graffitis à la gloire de l’EI pullulent.
De nombreuses villes chrétiennes ont été reprises à l’organisation djihadiste autour de Mossoul, mais les forces de l’ordre doivent encore les déminer. Et pour que les habitants viennent repeupler leurs terres, les autorités irakiennes doivent encore dégager les gravats, ainsi que rétablir l’eau et l’électricité.