Le parquet de Paris a ouvert le 15 décembre une information judiciaire pour « abus de confiance », « recel d’abus de confiance », « escroquerie en bande organisée », « faux et usage de faux » et « travail dissimulé ». Elle vise à déterminer si des assistants parlementaires d’eurodéputés du Front national ont été rémunérés indûment par Bruxelles, alors qu’ils exerçaient par ailleurs des fonctions au sein du parti.

L’activité des assistants parlementaires du Front national est scrutée depuis deux ans, à la fois du côté français et du côté européen. Le 9 mars 2015, le président du Parlement européen Martin Schulz saisissait l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) et signalait ces faits à la garde des sceaux de l’époque, Christiane Taubira.

Deux semaines plus tard, le 24 mars, le parquet de Paris ouvrait une enquête préliminaire pour abus de confiance, estimant que les rémunérations communautaires pouvaient être assimilées à un financement illégal de parti politique.

Multiples fronts judiciaires

Dans un premier temps, l’enquête a été élargie à une quarantaine de personnes, avant d’être circonscrite. Une dizaine de perquisitions ont été menées dans ce cadre, en février 2016, notamment au siège du Front national, ou dans les bureaux de Jean-Marie Le Pen, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).

Du côté européen, le Parlement réclame des sommes importantes à M. Le Pen et à sa fille. Le président d’honneur du parti d’extrême droite doit, depuis juin 2016, rendre 320 000 euros à l’institution pour avoir salarié un assistant dont il ne peut fournir « la preuve du travail ».

Selon Mediapart, Mme Le Pen, elle, doit 298 000 euros au Parlement européen. Une somme qui lui a été réclamée en décembre 2016, et qui correspond aux salaires versés à Catherine Griset, amie de longue date et chef de cabinet de la présidente du FN. En plus de son activité comme assistante parlementaire et comme chef de cabinet au Front national, cette dernière dispose, par ailleurs, d’un bureau au siège de la campagne présidentielle de Mme Le Pen, à Paris.

Les fronts judiciaires visant le financement du Front national sont multiples aujourd’hui. Toutes les campagnes menées par le Front national depuis que Marine Le Pen en a pris la présidence, en 2011, font désormais l’objet d’investigations de la justice. Par ailleurs, le parti, deux de ses dirigeants du Front national, le trésorier Wallerand de Saint-Just et le vice-président Jean-François Jalkh, ainsi que plusieurs proches de Marine Le Pen ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel, le 5 octobre, pour répondre de leurs rôles dans le cadre du financement des élections présidentielle et législatives de 2012. La justice leur reproche notamment d’avoir mis en place un système bâti sur des surfacturations et des kits de campagne obligatoires permettant d’obtenir des remboursements indus par l’Etat.