Philippines : 110 détenus toujours dans la nature après une évasion massive
Philippines : 110 détenus toujours dans la nature après une évasion massive
Le Monde.fr avec AFP
L’attaque par des rebelles musulmans a permis à 158 détenus de se faire la belle dans la plus grande évasion de l’histoire de l’archipel. Cinq ont été abattus mercredi, 34 retrouvés.
Trente-quatre détenus ont été retrouvés après l’évasion massive d’une prison attaquée mercredi dans le sud des Philippines, ont annoncé jeudi les autorités, mais plus de 110 prisonniers sont toujours dans la nature.
L’attaque par des rebelles musulmans de cette ancienne école reconvertie en prison décrépite sur l’île de Mindanao a permis à 158 détenus de se faire la belle dans la plus grande évasion de l’histoire de l’archipel. Cinq ont été abattus mercredi.
Les recherches sont rendues compliquées par la nature du terrain autour de la prison de Kidapawan, localité à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Davao, principale ville de l’île méridionale de Mindanao. « C’est une zone très vaste. Outre les plantations de sucre, de caoutchouc ou de noix de coco, il y a des endroits et des camps tenus par des rebelles dans lesquels nous ne pouvons pas facilement entrer », a déclaré un des responsables de la prison.
Des rebelles de différents groupes
Une insurrection séparatiste musulmane est à l’œuvre depuis des décennies dans le sud des Philippines. Certains mouvements se sont récemment réclamés de l’organisation Etat islamique (EI). L’île de Mindanao est le fief historique de la minorité musulmane des Philippines, un archipel où l’écrasante majorité est catholique.
Située dans une zone forestière retirée, la prison de Kidapawan abritait 1 511 détenus avant l’attaque, parmi lesquels des rebelles de différents groupes, mais aussi des membres de bandes criminelles. Shirlyn Macasarte, qui assure l’intérim au poste de gouverneur de la province de Cotabato, a indiqué que des renseignements laissaient penser que l’attaque de la prison avait été préparée par les Bangsamoro Islamic Freedom Fighters (BIFF). Les BIFF sont une faction dissidente du Front Moro islamique de libération (MILF), le plus important groupe rebelle musulman du pays, avec lequel le gouvernement a lancé des négociations de paix.
Le MILF, qui compte 10 000 combattants, observe actuellement un cessez-le-feu. Von Al-Haq, porte-parole du MILF, a affirmé jeudi qu’aucun de ses membres n’était impliqué dans l’attaque de la prison, et que son organisation était prête à coopérer avec les autorités pour retrouver les fugitifs. « L’homme qui a commandé le raid est un criminel notoire qui n’a jamais fait partie du MILF», a-t-il dit en identifiant ce leader sous le surnom de « commandant Derby ».