Les Amérindiens navajo inquiets de la pollution de rivières dans l’ouest des Etats-Unis
Les Amérindiens navajo inquiets de la pollution de rivières dans l’ouest des Etats-Unis
L’état d’urgence a été décrété dans plusieurs Etats après le déversement accidentel de 11 millions de litres de déchets toxiques par des employés de l’Agence de protection de l’environnement.
11,4 millions de litres de déchets liquides d’une ancienne mine d’or se déversent depuis une semaine dans la rivière Animas, la faisant virer à l’orange. | Theo Stroomer / AFP
Plus de 11 millions de litres d’eau chargée de métaux lourds et d’arsenic se répandent depuis une semaine dans plusieurs rivières de l’ouest des Etats-Unis, teintant l’eau d’une couleur orangée. Cet épisode de pollution, dû à une mauvaise manipulation d’employés de l’Agence de protection de l’environnement (Environmental Protection Agency - EPA) dans une mine d’or abandonnée, laisse craindre d’importants dégâts au niveau local, tant écologiques qu’économiques.
Au fil des jours, la couleur s’est ternie, mais les déchets liquides continuent à se diffuser. L’état d’urgence a été déclaré dans le Colorado, au Nouveau-Mexique et dans la réserve indienne de Navajo Nation. Plusieurs villes ont cessé d’utiliser l’eau des rivières et ont interdit l’accès à leurs rives. Les questions se concentrent désormais sur les effets de cette pollution sur la santé et les ressources agricoles.
Les autorités ont pour le moment interdit à la population de boire l’eau de l’Animas, la première rivière touchée par la pollution, et du San Juan, un affluent de l’Animas. L’irrigation, la pêche et le rafting y sont également interdits au moins jusqu’à lundi. Sept réseaux de distribution d’eau potable puisant habituellement dans ces rivières ont dû arrêter leurs opérations, selon le New York Times. Des analyses sont en cours pour voir si l’eau contient des toxines cancérigènes, et leurs résultats sont attendus dans les jours à venir.
« Des décennies pour tout nettoyer »
Des kayaks sur la rivière Animas, près de Durango dans le Colorado, le 6 août. | Jerry McBride / AP
En attendant ces conclusions, le tribut à payer est déjà lourd pour les territoires amérindiens navajo, particulièrement concernés par cette marée orange. « C’est notre âme qui est touchée », a déclaré le président de la Navajo Nation, Russell Begaye, à ABC News :
« Je rencontre des gens tous les jours qui pleurent quand ils me voient, ils me demandent : “Comment puis-je savoir si l’eau sera potable ?” L’Animas et le San Juan sont nos lignes de vie. L’eau est sacrée pour nous. »
« Quand l’EPA me dit que ça prendra des décennies pour tout nettoyer, c’est autant de temps où nous vivrons dans l’incertitude quand nous boirons l’eau, que nous cultiverons la terre, que nous mettrons notre élevage près de la rivière », souligne Russell Begaye.
Selon le président de la plus grande réserve indienne des Etats-Unis, beaucoup de fermes biologiques craignent ainsi de ne plus pouvoir garantir à leurs clients la qualité de leurs cultures à cause de la pollution de l’eau. Russell Begaye craint également pour le secteur du tourisme.
L’irrigation, la pêche et le rafting sont interdits sur la rivière Animas et sur l’un de ses affluents, la rivière San Juan. | Matt York / AP
Un lac alimentant Las Vegas menacé
Responsable de la fuite accidentelle, l’Agence de protection de l’environnement cristallise les critiques dans la région des Four Corners (Arizona, Colorado, Nouveau-Mexique et Utah), où responsables locaux et résidents considèrent que l’institution a trop tardé à agir. La réponse initiale de l’EPA a « été pour le moins inexistante », s’est insurgé Tommy Roberts, le maire de Farmington, une commune en aval de la fuite, dans l’Etat du Nouveau-Mexique.
La directrice de l’EPA, Gina McCarthy, s’est exprimée publiquement pour la première fois sur le sujet mardi. « Ce qui se passe m’afflige au plus haut point », a-t-elle affirmé, promettant de se rendre mercredi sur des sites du Colorado et du Nouveau-Mexique touchés.
Une opération de communication qui pourrait se révéler d’autant plus nécessaire que l’épisode de pollution est loin d’être terminé. Zack Frankel, le directeur de l’ONG Utah Rivers Council, s’est dit préoccupé par la diffusion des eaux toxiques. Selon lui, « d’ici à cinq jours environ, elles atteindront le lac » Powell, dans l’Utah, qui alimente notamment la ville de Las Vegas. De ce lac, la fuite pourrait se répandre vers le fleuve Colorado, puis à travers le Grand Canyon et le lac Mead, qui est une source d’eau importante pour la mégalopole de Los Angeles et le sud de la Californie, souffrant d’une grave sécheresse.
Le gouvernement américain pollue une rivière du Colorado par accident
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