Plusieurs interpellations dans l’affaire du braquage de Kim Kardashian
Plusieurs interpellations dans l’affaire du braquage de Kim Kardashian
Par Simon Piel
La quinzaine d’hommes interpellés sont tous connus de la police, notamment pour des faits de vols à main armée.
Devant la résidence de Kim Kardashian rue Troncher à Paris le 3 octobre 2016. | THOMAS SAMSON / AFP
Après une cure médiatique de plusieurs semaines, Kim Kardashian a recommencé le 4 janvier à partager des scènes de sa vie quotidienne sur les réseaux sociaux. Des photos de famille, empreintes d’une sobriété à laquelle elle était peu habituée. A cette même date, la brigade de répression du banditisme (BRB) finalisait dans le secret des locaux du 36 quai des Orfèvres à Paris l’opération qui a vu l’interpellation d’une quinzaine de personnes soupçonnées d’avoir participé au vol de bijoux dont la star a été victime quelques mois plus tôt.
Les interpellations ont eu lieu dans le Val-de-Marne, la Seine-Saint-Denis ou encore en Seine-et-Marne. Les hommes interpellés sont tous connus de la police, notamment pour des faits de vols à main armée, et sont décrits comme des malfaiteurs chevronnés. Placés en garde à vue, ils peuvent être interrogés durant 96 heures avant d’être éventuellement présentés à la juge d’instruction en charge du dossier afin d’être mis en examen. C’est l’aboutissement d’une enquête démarrée il y a trois mois sous les feux médiatiques internationaux après le braquage de l’une des personnalités les plus connues de la télévision américaine. Ce sont les ADN retrouvés sur les lieux des faits qui ont conduit la police judiciaire sur la trace de cette équipe.
Après avoir été soumis au fichier national des empreintes génétiques (FNAEG), deux d’entre eux se sont avérés correspondre à des individus connus des services de police. Plusieurs semaines de surveillances ont précédé les interpellations de ce matin. La juge d’instruction pourrait prochainement se rendre à New York pour entendre personnellement Kim Kardashian qui avait répondu très brièvement aux policiers après le vol, pressée de se rendre à l’aéroport du Bourget pour rentrer aux Etats-Unis.
Un fric-frac en mondovision
Le 29 septembre 2016, alors qu’elle a atterri la veille au Bourget pour assister à la Fashion Week de Paris, Kim Kardashian poste aux 89 millions d’abonnés de son compte Instagram, une photo d’elle laissant apparaître un décolleté plongeant. L’œil est alors aussi attiré par la bague qu’elle porte à l’annulaire gauche. Sertie d’un diamant de 20 carats, elle lui a été offerte par son mari, le chanteur Kanye West, et est estimée à 5 millions de dollars. Comme à son habitude, la star de téléréalité américaine partage publiquement son quotidien fait de fastes et d’excentricités, entretenant son image sur les réseaux sociaux et offrant par ailleurs une idée concrète de son envergure financière. Dès son arrivée dans la capitale, de nombreux paparazzis s’étaient ainsi opportunément installés devant l’Hôtel de Pourtalès, situé rue Tronchet dans le 8e arrondissement où elle séjournait.
Trois jours plus tard, dans la nuit du 2 au 3 octobre, plusieurs malfaiteurs repartaient de la chambre de son hôtel parisien avec un butin de bijoux d’environ 9 millions de dollars. Un fric-frac en mondovision. Selon le témoignage que le réceptionniste de l’hôtel particulier avait fait aux policiers, c’est vers 2 heures du matin que cinq personnes encagoulées et gantées, portant des blousons floqués « police », sont entrées en demandant en français et sans accent où se trouvait « la femme du rappeur ». Sous la menace d’une arme de poing, le réceptionniste les a conduits dans le duplex qu’elle occupait. Deux d’entre eux y ont pénétré, l’ont braquée puis l’ont ligotée avec du scotch. Avant de lui coller de l’adhésif sur la bouche pour étouffer ses cris. A 2 h 56, après avoir réussi à enlever ses liens, Kim Kardashian a appelé son garde du corps qui s’était absenté pour accompagner sa sœur en discothèque. Les caméras de vidéo surveillance récupérées par la police saisissaient les malandrins repartant avec une apparente sérénité, à pied ou à vélos.
Instrumentalisation politique
Face à l’ampleur mondiale prise par cet épisode, la classe politique française n’avait pu s’empêcher de l’instrumentaliser. Nathalie Kosciusko-Morizet, alors en campage pour la primaire de la droite avait ainsi déclaré : « Il y a une urgence générale sur la sécurité à Paris. » Piquée au vif, la maire de Paris, Anne Hidalgo, avait assuré que « cet acte très rare, survenu dans un espace privé, ne remet en aucun cas en cause le travail des policiers et de la sécurité de l’espace public parisien », ajoutant que « la star sera toujours la bienvenue à Paris ». Une bonne manière de mettre la pression sur les services de police saisis du dossier et d’en faire entre les lignes une priorité pour eux.
Des réactions politiques opportunes alors que ce type de vol est loin d’être isolé dans la capitale. En août 2014, un prince saoudien s’était fait braquer et dérober 250 000 euros en liquide aux portes de Paris. En avril 2015, une collectionneuse de bijoux allemande s’était fait voler plusieurs millions d’euros de bijoux alors qu’elle circulait à bord d’un taxi sur l’autoroute A1. Plus récemment enfin, en novembre 2016, deux touristes qataries qui circulaient en Bentley se sont fait soustraire tous leurs effets personnels pour un montant estimé à 5 millions d’euros après avoir été contraintes de s’arrêter, là encore sur l’autoroute A1. Autant de faits divers qui n’ont occasionné aucune réaction politique. Depuis quelques jours, des extraits de la future saison de l’émission de téléréalité « L’incroyable famille Kardashian » sont visibles sur Internet et promettent que la star reviendra sur l’épisode de son agression. La sobriété à ses limites.