Yannick Jadot le soir du premier tour de la primaire d’EELV, le 19 octobre. | JULIEN MUGUET POUR "LE MONDE"

C’est une petite musique qui commençait à devenir gênante pour Yannick Jadot, candidat à la présidentielle d’Europe Ecologique-Les Verts. Depuis que Benoît Hamon, qui se présente à la primaire organisée par le PS les 22 et 29 janvier, a mis sur la table un projet très axé sur l’écologie, les éloges se multipliaient au sein d’EELV.

David Cormand, secrétaire national du parti, avait lancé le mouvement mi-décembre en assurant que l’ancien ministre de l’éducation nationale était le « plus écolo-compatible » des candidats à la primaire à gauche. Une formule reprise par Yannick Jadot lui-même début janvier. Quelques jours plus tard, c’était au tour de Cécile Duflot, l’ancienne ministre du logement, de se féliciter dans un tweet de l’entretien accordé par son ancien collègue au gouvernement au site Reporterre. « Cette interview de @benoithamon qui raconte son chemin vers l’écologie est réconfortante et très intéressante », écrivait-elle.

Dans cet entretien, le socialiste affirmait également n’avoir « jamais été aussi proche », « sur le fond », du candidat d’EELV. Mais quand Michèle Rivasi, députée européenne et finaliste malheureuse à la primaire d’EELV, est allée plus loin, en se déclarant, il y a quelques jours, « favorable » à un rapprochement avec M. Hamon s’il l’emportait le 29 janvier, M. Jadot s’est dit qu’il était temps de mettre les points sur les « i ». Pendant sa campagne de la primaire, ce dernier avait dû batailler contre les accusations portées par certaines de ses concurrentes sur une possible alliance avec le PS.

« Bataille culturelle »

Dans un message interne adressé le 7 janvier à la direction d’EELV et à son conseil fédéral, que Le Monde a pu consulter, le député européen assure se « féliciter » de la « conversion » de M. Hamon. « Nous ne pouvons pas militer pour gagner la “bataille culturelle” et voir d’un mauvais œil nos thèmes être repris dans le débat public », précise-t-il. Il note aussi « qu’à la différence des Insoumis [partisans de Jean-Luc Mélenchon] qui, tels des nouveaux convertis zélés, pensent parfois avoir inventé l’écologie (et la planification écologique) et nous reprochent, désagréablement souvent, de les copier, Benoît Hamon affiche une certaine humilité à cet égard ».

Mais pour lui, dire cela n’est « en rien remettre en cause le bien fondé de la candidature écologiste » : « J’avoue avoir été un peu gêné dans des entretiens avec des journalistes quand ils me rapportaient des propos d’écologistes [au sujet de Benoît Hamon], relate-t-il. J’avais un peu l’impression de retrouver l’enthousiasme pro-Montebourg de 2011. On sait ce que ça a donné ensuite, même si, campagne oblige, le voilà redevenu un peu écolo. »

Le candidat à la présidentielle estime que si M. Hamon l’emportait, il se retrouverait « dès la première minute au milieu de contradictions majeures ». « Est-ce que subitement Manuel Valls et tout le Parti socialiste deviendront contre NDDL [le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes] et pour le revenu universel ? Evidemment pas », juge-t-il. A l’inverse, si l’ancien premier ministre s’imposait au terme du second tour, M. Jadot estime qu’il sera « sera intéressant de voir ce que Benoît Hamon qui a déclaréne plus envisager de soutenir un candidat productivistefera. »

Et de conclure : « La mue qu’est en train d’opérer Benoît Hamon est positive (…) mais en aucune manière cela ne doit changer notre stratégie présidentielle. Ce peut en revanche être un excellent signal pour la clarification post 2017 qui interviendra. »