Brazzaville : qui est André Okombi Salissa, l’opposant arrêté après des mois de clandestinité ?
Brazzaville : qui est André Okombi Salissa, l’opposant arrêté après des mois de clandestinité ?
Par Joris Bolomey
Candidat malheureux à l’élection présidentielle de mars 2016 au Congo Brazzaville, l’opposant à Denis Sassou-Nguesso a été interpellé mardi 10 janvier.
L’opposant congolais André Okombi Salissa a été arrêté mardi 10 janvier à l’aube, en périphérie nord de Brazzaville. Candidat à l’élection de mars 2016, il vivait depuis environ six mois dans la clandestinité. Il est accusé par les autorités de détention d’armes de guerre et d’atteinte à la sécurité de l’Etat.
• Qui est André Okombi Salissa ?
Originaire de Lékana, dont il est député, dans la région des plateaux au sud du pays, André Okombi Salissa a étudié à Kinshasa, « d’où il sort avec un diplôme d’ingénieur avant se rendre quelques années plus tard à Kharkiv en Ukraine », précise sur son site la plateforme Initiative pour la démocratie au Congo (IDC) dont il est désormais membre. Plusieurs fois ministre du président Sassou-Nguesso, de façon ininterrompue entre 1997 et 2012, André Okombi Salissa, 55 ans, a basculé dans l’opposition à l’approche du référendum constitutionnel de 2015. Président du parti CADD (Convention pour l’action, la démocratie, et le développement) il rejoint ensuite l’IDC, plateforme constituée avec quatre opposants pour barrer la route à la réélection de Denis Sassou-Nguesso qui cumule plus de 32 ans à la tête du pays.
• Qu’est-ce que Brazzaville lui reproche ?
André Okombi Salissa a été candidat à la présidentielle du 20 mars 2016. Il a obtenu 3,96 % au premier tour, là où Denis Sassou-Nguesso en aurait obtenu 60 %. Des résultats contestés par l’opposition. Trois mois après le scrutin, le député de Lékana est assigné à résidence et disparaît. En décembre 2016, le procureur de la République André Oko Ngakala a demandé à l’Assemblée nationale la levée de son immunité parlementaire en l’accusant d’atteinte à la sûreté de l’État et de détention illégale d’armes de guerre. Fusils-mitrailleurs, lance-roquettes et munitions auraient été retrouvés, un mois plus tôt, au domicile de son épouse Gisèle Ngoma, dans l’arrondissement Djiri à Brazzaville. La demande de levée de son immunité a été refusée, mais une astuce légale a été trouvée pour son arrestation.
Communiqué #Direction_Générale_Police suite à l'arrestation de M. André Okombi Salissa, ancien Ministre. @ICIBrazza… https://t.co/CXY1AN9v3W
— ThMoungalla (@Thierry Moungalla)
• Comment s’est déroulée l’arrestation ?
Il aurait été repéré par les services secrets en raison de son téléphone satellite, chez un militaire originaire de Lékana, dans le quartier de Massengo à Brazzavile, selon le site d’opposition zenga-mambu. La Direction générale de la police affirme dans un communiqué que l’intervention « s’est faite sans violence » et conformément « au code de procédure ». Un membre de la famille de l’opposant a déclaré à l’AFP avoir « eu le sentiment qu’André Okombi Salissa, qui vivait caché jusque-là, a souhaité se livrer à la police, qui n’a fait aucun effort pour l’arrêter ». Selon une autre version, avancée notamment par RFI, l’arrestation a été moins calme puisque Evariste Ngakié, le chauffeur d’André Okombi Salissa, a dû être hospitalisé. Lui est un autre collaborateur, Nicolas Kassaloba, ont été arrêtés en même temps que le député.
Où est-il détenu ?
Il est, selon ses proches, actuellement retenu dans les locaux de la Direction générale de surveillance du territoire (DGST).
Est-il le seul opposant congolais en prison ?
Non. Un autre candidat malheureux à la présidentielle, le général Jean-Marie Michel Mokoko, est détenu à la maison d’arrêt de Brazzaville depuis juin 2016 pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’État ». En juillet, l’opposant Paulin Makayi a été condamné à deux ans de prison ferme pour « incitation aux troubles à l’ordre public », après avoir organisé une manifestation interdite et y avoir participé. En septembre dernier, un rapport adressé au Conseil de l’ONU aux droits de l’Homme et à la Cour pénale internationale faisait état d’une centaine de cas d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations et de détentions arbitraires, d’entraves à la liberté d’expression et de presse entre septembre 2015 à fin juillet 2016.