La diversité à la traîne sur les écrans
La diversité à la traîne sur les écrans
Par Daniel Psenny
Le CSA pointe une faible progression de la représentation de la diversité à la télévision en 2016
La troupe du feuilleton de France 3 "Plus belle la vie" | France 3
Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) doit rendre public, mercredi 11 janvier, son baromètre annuel de la diversité réalisé à partir du visionnage de dix-sept chaînes de la TNT gratuite ainsi que de Canal+. Ces relevés, que Le Monde a pu consulter, concernent les fictions, l’information, les magazines/documentaires, les divertissements et le sport. Ils ont été établis du 9 au 15 mai et du 5 au 11 septembre 2016 sur les tranches horaires de 17 heures à 23 heures. Cinq critères ont été utilisés pour l’indexation des personnes : l’origine perçue (blancs, noirs, arabes, asiatiques, autres), le sexe, la catégorie socioprofessionnelle, le handicap et l’âge (« moins de 20 ans », « 20 – 34 ans », « 35 – 49 ans », « 50 – 64 ans » et « 65 ans et plus »).
Selon le CSA, les résultats de la vague 2016 « montrent une faible progression de la représentation de la diversité à la télévision ». La représentation des personnes « perçues comme non blanches » à la télévision a légèrement augmenté en deux ans (16 % en 2016 contre 14 % en 2014), pour retrouver un niveau équivalent à 2013. « Cela est principalement dû à l’évolution en deux ans du poids des personnes perçues comme non blanches dans les programmes de sport (17 % en 2014 contre 22 % en 2016) et dans les fictions (16 % en 2014 contre 21 % en 2016) », note l’étude.
L'actrice Yaya DaCosta dans la série américaine "Chicago Med", actuellement diffusée sur TF1
Pour les fictions, les productions américaines présentent le meilleur taux de personnes « perçues comme non blanches » (25 %), en particulier dans l’animation (27 %), les séries (25 %) et le cinéma (22 %). Les fictions européennes - hors France – leur accordent également une place significativement plus importante (21 %). Dans les fictions françaises, la représentation des personnes de cette catégorie est sensiblement inférieure (17 %).
Concernant les « attitudes négatives » dans les différents rôles incarnés à l’écran, 25 % d’entre eux sont des personnes « perçues comme non-blanches » (20 % en 2015) et les attitudes positives le sont à 23 % (14 % en 2015). « On peut également noter que les personnes “perçues comme non-blanches” sont surreprésentées dans les activités marginales ou illégales, à hauteur de 34 % », souligne le baromètre.
Les femmes toujours sous représentées
L’étude note encore que « les femmes sont toujours fortement sous-représentées « (36 % des personnes indexées), un résultat qui n’a pas changé depuis quatre vagues de relevés. Les seuls programmes qui leur accordent une place plus significative sont les « émissions de service » (63 %) et, dans une moindre mesure, les jeux (45 %).
Les CSP + (catégories socioprofessionnelles « supérieures ») sont, quant à elles, surreprésentées à l’antenne avec 75 % des personnes indexées, soit le niveau le plus élevé observé depuis 2013, alors que seulement un peu de plus de 20 % des Français exercent ce type de profession. Les fictions proposent une répartition un peu plus équilibrée des CSP : les CSP + n’y représentent que 57 % des personnages indexés, les CSP- 21 % et les inactifs 22 % alors que ces derniers représentent en France 45 % de la population.
Les comédiens du programme court "Vestiaires" diffusé sur France 2
Enfin, avec 0,8 % des personnes indexées, l’étude constate que le handicap reste quasiment absent des programmes. Sa représentation à l’antenne a certes doublé en proportion par rapport à 2013, mais cela est dû principalement à la diffusion des XVe Jeux paralympiques d’été qui se sont déroulés à Rio de Janeiro au Brésil du 7 au 18 septembre 2016. « Toutefois, cette représentation est encore très en dessous des estimations sur le nombre de personnes atteintes d’un handicap, visible ou non visible, en France qui s’élève à 12 millions de Français, soit environ 20 % de la population totale », souligne le CSA.