Les marchands du temple qui arrondissent les finances des musées ont tenu leur salon annuel, le Museum Connections, mercredi 18 et jeudi 19 janvier à Paris, à la porte de Versailles. Plus de 250 sociétés y proposent depuis vingt ans des milliers de souvenirs à emporter. « Avant, on achetait une carte postale ou un porte-clés, aujourd’hui les visiteurs s’offrent un bijou, un foulard », explique Milena Levent, la directrice de ce salon spécialisé le plus important de la planète.

Les ventes de livres et de catalogues ont tendance à fondre au regard du poids croissant des produits dérivés. « Les ressources propres des musées doivent augmenter en raison de la baisse générale des subventions publiques mais aussi, en France, du fait de la chute des recettes de billetterie liée aux attentats », explique-t-elle.

Pour Cédric Brochier, à la tête des soieries lyonnaises du même nom, les foulards les plus vendus restent les reproductions de Picasso. Il édite aussi des nouveautés, signées cette année par Yoko Ono ou par Orlan qui lui permet de vendre son premier « foulard connecté ». Le bijoutier Alain Stern, qui travaille exclusivement pour les musées, exporte de plus en plus. Aussi bien les boucles d’oreilles que portait George Sand sur une photo de Nadar que des bracelets inspirés de La Nuit étoilée de Van Gogh.

Gommes, crayons, parapluies…

On trouve de tout dans ce salon : gommes, crayons, parapluies, tee-shirts, même du savon au miel… « Autant rapporter quelque chose d’utile », plaide-t-on au stand des Savons de Simone. Les faïences de Gien, qui rééditent des collections d’assiettes ornées des monuments de Paris, du château de Versailles ou des châteaux de la Loire, s’arrachent comme des petits pains. A noter aussi, l’importance croissante des articles pour enfants (puzzles, peluches, etc.).

Au milieu des objets fleurissent les offres de visites numériques des musées. Dans un parcours en douze langues, Histovery ajoute selon les époques, les meubles, les tapisseries et les tableaux du château de Chambord. Semaweb propose aux 7-12 ans une tablette pour visiter le Musée Angladon d’Avignon. Clic Muse incite le public à créer lui-même ses jeux.

Pour boucler ce parcours, Isabelle Steenebruggen, directrice de La Pachamama commercialise des objets écologiques en bouse d’éléphant. Une réconciliation des musées avec ce matériau insolite ? L’artiste anglais Chris Ofili avait provoqué un scandale en 1999 avec son tableau The Holy Virgin Mary, exposé au Musée de Brooklyn, à New York. Deux bouses d’éléphant ornaient le manteau d’une Vierge noire sur fond doré, auréolée d’images pornos. Horrifié, Rudolph Giuliani, alors maire de la ville avait essayé de faire fermer l’exposition et menacé de supprimer ses 7 millions de dollars de subvention au Brooklyn Museum. En vain.