« Dragon Ball Super », une suite qui remplit son contrat
« Dragon Ball Super », une suite qui remplit son contrat
Par Daniel Andreyev
Renouvelée et enrichie, la suite du très critiqué « Dragon Ball GT » réussit sa mue malgré un début poussif.
Ça y est : depuis cette semaine, Dragon Ball Super est diffusé en France sur Toonami. L’attente a été rude : les nouvelles aventures de Son Goku sont déjà sur les écrans depuis juillet 2015 au Japon. A l’ère d’Internet et des chaînes qui proposent parfois les animés 24 heures à peine après leur diffusion dans leur pays d’origine, il y a de quoi s’impatienter.
La version française est particulièrement soignée, et l’ancienne équipe aux timbres si familiers est de retour. Brigitte Lecordier, Patrick Borg, Philippe Ariotti ou encore le génial Eric Legrand donnent le meilleur d’eux-mêmes. On peut quand même regretter, dès les premiers épisodes, les traces d’une censure opérée par la chaîne, comme à la grande époque des ciseaux d’AB Production et du « Club Dorothée ».
La version française de #DragonBallSuper censurée sur Toonami.
(censures faites par la chaine, et non par le studio… https://t.co/DjY8t6bsFL
— supalinocelosu (@Marotaku)
Les fans qui n’ont pas résisté à l’appel de la version japonaise le savent : il faut s’accrocher un peu pour apprécier Dragon Ball Super. Les deux premiers arcs narratifs sont une redite de films déjà sortis en France en DVD et Blu Ray. Le premier, Battle of Gods, est une reprise du film du même nom de 2013, découpé en quatorze épisodes. L’histoire reprend quelque temps après la fin du manga, où le réveil de Beerus, le dieu de la destruction, annonce la fin d’une courte période de paix pour Son Goku et ses amis. Heureusement, Beerus et son serviteur Whis sont aussi très gourmands, ce qui est un point faible comme un autre dans le monde de Dragon Ball.
Dragon Ball Super VF - Trailer Officiel Toonami [HD]
Durée : 02:09
L’essentiel, c’est qu’au cours de cet affrontement, Goku va devenir Super Saiyan Divin. L’arc suivant, intitulé La Résurrection de F. est, lui aussi, l’adaptation en treize épisodes du film du même nom, sorti en 2015. Pour vaincre Freezer, revenu à la vie, Son Goku va encore une fois devoir se dépasser. Mais cette fois-ci, le dictateur interplanétaire a une nouvelle forme ultime.
La création d’un multivers
Evidemment, il est beaucoup question de transformations, qui vont faire la joie des amateurs de produits dérivés. Super Saiyan Divin d’abord, puis « bleu » et enfin « rosé », Goku arbore à chaque fois de nouvelles coupes de cheveux – autant de nouvelles raisons de mettre à jour son bac à jouets. Tout le cœur, l’âme du manga Shonen (pour jeunes garçons) est là : de l’amitié, du dévouement, du sacrifice et de la justice. Il va bien évidemment y avoir de nouvelles boules du Dragon encore plus puissantes. Le fan-service est parfois absolu : certaines techniques sorties des tréfonds du manga sont remises au goût du jour. Qui pensait un jour revoir un Mafuba, la technique permettant d’enfermer un ennemi dans un autocuiseur, dans une série actuelle ?
Trunks. | Toei
Mais le plus intéressant dans Dragon Ball Super, c’est l’introduction de la notion d’un multivers qui n’est pas sans rappeler les univers parallèles qui abondent dans les comics Marvel et DC. Il existe donc désormais d’autres univers, avec à chaque fois des adversaires potentiels encore plus puissants.
La suite de la série est beaucoup plus énergique : on a tout d’abord un tournoi d’arts martiaux orchestré par Champa, un autre dieu de la Destruction. Plus intéressant encore, dans un arc consacré à Trunks venu du futur, on va pouvoir découvrir « Black Goku », un double maléfique de notre héros, venu d’un univers parallèle. L’histoire devient comme le personnage, un peu sombre et désespérée, ce qui n’est pas sans rappeler la saga de Cell.
Effacer les traces du détesté « Dragon Ball GT »
Dragon Ball Super mérite que l’on s’accroche pour aller au-delà des premières sagas, les plus faibles – difficile de faire mieux, avec moins de moyens, en étalant l’intrigue d’un film déjà court. Ces premiers épisodes ont été très critiqués par les fans – beaucoup ont pointé du doigt les dessins et les animations parfois catastrophiques de certains passages. Le terrible 5e épisode est resté dans toutes les mémoires comme étant le plus médiocre, au point d’en devenir un mème.
Et Akira Toriyama dans tout ça ? L’auteur de la saga supervise officiellement la série, et la hausse de la qualité au fil du temps est sans nul doute liée à sa présence. Même s’il a déclaré que sa création originale faisait partie du passé, il s’est récemment demandé si Dragon Ball n’est pas trop important pour lui pour qu’il puisse abandonner la série complètement. Le mystérieux dessinateur donne un peu l’impression de ruminer. Il ne parle plus aux médias, et ne s’exprime publiquement que très rarement, en général par de petits messages de quelques phrases. Récemment, pour le trentième anniversaire de la série Dragon Quest qu’il a contribué à créer, il a livré un court témoignage où il exprime une certaine lassitude.
Cela ne l’a pas empêché de puiser dans son stock de création pour égayer encore plus Dragon Ball Super. On y retrouve aussi Arale, la création du Dr Slump. La petite mais coriace androïde fait son grand retour dans l’univers de Dragon Ball, qui célèbre au passage les 35 ans de Dr Slump. L’autre ajout d’importance est Jaco, le patrouilleur galactique, apparu dans un manga d’Akira Toriyama de 2013. Si l’on y ajoute de vraies évolutions pour des personnages qui parlent aux trentenaires, le contrat semble rempli.
Dans le cœur des fans, le plus important, c’est que Dragon Ball Super est venu remplacer la très détestée Dragon Ball GT. Celle-là même que Toriyama, arrêtant à bout de force sa série en 1995, avait pris soin de déléguer à la Toei. Mais Dragon Ball GT est devenu si impopulaire que c’est un des rares cas dans l’histoire des séries à succès où les fans eux-mêmes ont décrété que tout cela n’a jamais existé. Dragon Ball Super leur donne complètement raison, en gommant tout ce qui s’est passé dans cette série.
Mais pour Dragon Ball, l’enjeu n’est pas seulement d’être une série pour trentenaires nostalgiques : pour ces derniers, rien ne peut dépasser l’œuvre originale. La véritable question est de savoir si Dragon Ball Super peut devenir une série patrimoniale, qui donnerait envie de faire des kaméhaméha dans la cour de récré de génération en génération.