De Twitter au site de la Maison Blanche : la transition numérique agitée de Trump
De Twitter au site de la Maison Blanche : la transition numérique agitée de Donald Trump
Par Morgane Tual
Le président a hérité vendredi des comptes de la Maison Blanche sur les réseaux sociaux, ainsi que du site de l’institution. Le basculement s’est fait non sans accroc.
Dès l’investiture de Donald Trump, le 20 janvier, le site de la Maison Blanche a été modifié. | Capture d'écran du site de la Maison Blanche
C’est une transition d’une ampleur inédite : après le départ de Barack Obama, Donald Trump a non seulement hérité de la Maison Blanche, mais aussi de tout le patrimoine numérique de la présidence. Un patrimoine que l’équipe de M. Obama, très actif et innovant en ligne, avait largement développé et exploité pendant ces deux mandats. Cet important basculement s’est effectué dès vendredi 20 janvier, jour de l’investiture de M. Trump, et ne s’est pas fait sans accroc.
A commencer par la transmission du compte Twitter @potus. Ce compte, dont le nom est l’acronyme de president of the United States, a été créé en 2015, alors que M. Obama disposait déjà de son propre compte Twitter très suivi. Ce nouveau compte était censé appartenir à la fonction présidentielle, pas à l’homme. Aussi, la Maison Blanche a expliqué à l’automne dernier comment ce compte serait transmis au successeur de M. Obama : tous les Tweets seraient effacés du compte @potus, et transférés, pour l’archivage, vers le compte @potus44 (M. Obama était le 44e président des Etats-Unis).
Des abonnements par erreur à @potus
Et c’est bien ce qui s’est passé vendredi… mais pas avec la fluidité escomptée. Si les Tweets de @potus ont bien disparu, ses 13 millions d’abonnés aussi ! L’erreur a été réparée en quelques heures. Mais peut-être avec un peu trop de zèle : certains utilisateurs ont soudain constaté que Twitter les avait abonnés automatiquement à @potus alors qu’ils n’avaient rien demandé, ce qui a généré un flot de critiques.
« C’était une erreur, ça n’aurait pas dû se passer comme ça, c’est de notre faute et nous vous présentons nos excuses », a tweeté samedi Jack Dorsey, le patron de Twitter, qui a précisé que le problème avait touché plus d’un demi-million de personnes. En cause : des erreurs techniques de la part de l’entreprise, lors du passage de @potus à @potus44. M. Dorsey a aussi expliqué que Twitter n’avait jamais fait de transfert de compte « à une telle échelle ».
L’onglet climat disparaît du site de la Maison Blanche
Autre couac de moindre ampleur, côté Trump cette fois : si le nom s’affichant sur le compte @potus a bien été changé en « président Trump », et la photo de profil associée au compte a bien été modifiée, la bannière a généré quelques moqueries en ligne : il s’agissait d’une photo de l’investiture… de M. Obama. Celle-ci a depuis été remplacée. Enfin, certains ont amèrement noté que le premier Tweet de M. Trump en tant que président a été publié sur @realDonaldTrump, son compte personnel tant décrié, plutôt que sur @potus, resté silencieux quelques heures.
Mais ce qui a fait bondir de nombreux internautes concerne surtout les modifications immédiatement apportées au site de la Maison Blanche. Et notamment, comme ils l’ont souligné avec inquiétude, la disparition des pages consacrées au changement climatique et aux droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT), ce qui a provoqué un vent de panique sur les réseaux sociaux. Toutefois, comme le souligne la BBC, beaucoup d’autres pages relatives à la politique menée par le gouvernement Obama ont disparu, comme celle concernant l’économie. Le média britannique note néanmoins qu’une recherche « changement climatique » sur le site ne donne aucun résultat, alors que le mot-clé « militaire » en fournit plus de 150. De quoi inquiéter encore un peu plus les opposants à M. Trump – même si le site est amené à évoluer au fil des semaines et des mois.
Depuis que le site a fait peau neuve, toutes les pétitions qui y étaient hébergées depuis 2011 ont disparu. Cette année-là, le gouvernement Obama avait lancé cette plate-forme en promettant que les pétitions qui recueilleraient plus de 100 000 signatures en trente jours recevraient une réponse officielle. Depuis l’investiture de M. Trump, de nouvelles pétitions ont été mises en ligne. L’une d’entre elles a déjà atteint 250 000 signatures : elle exige la publication « immédiate » des déclarations fiscales de M. Trump.
Interdiction de tweeter
Une autre affaire a fait parler d’elle ce week-end, concernant cette fois le compte Twitter du National Park Service (NPS), organisme fédéral chargé notamment de la gestion et de la préservation des parcs naturels et des bâtiments historiques. Suivi par plus de 300 000 personnes, ce compte officiel a retweeté des messages peu favorables au nouveau président : l’un rendait hommage au travail effectué par le gouvernement Obama concernant les droits des LGBT, un autre dénonçait les modifications du site de la Maison Blanche, et le troisième comparait la foule présente à l’investiture de M. Trump avec celle, plus nombreuse, lors l’investiture de M. Obama.
Les Tweets ont été depuis supprimés, mais les employés du NPS ont ensuite reçu une interdiction pure et simple d’utiliser les comptes officiels de leur organisme. Dans un courriel interne obtenu par le site spécialisé Gizmodo, le bureau de Washington explique : « Nous avons reçu des instructions disant à tous les bureaux de cesser immédiatement d’utiliser les comptes officiels jusqu’à nouvel ordre. » L’interdiction a depuis été levée, sans qu’on sache exactement quelle en était l’origine.