Pris dans les tourments de l’affaire Snowden, le service d’e-mails chiffrés Lavabit avait dû fermer ses portes en urgence en 2013. Trois ans et demi plus tard, Lavabit a ressuscité : dans un message publié vendredi 20 janvier, son fondateur, Ladar Levison, a annoncé son retour. Une date qui ne doit rien au hasard :

« Aujourd’hui est le jour de l’investiture aux Etats-Unis. (...) Quelles que soient nos opinions politiques, cette journée célèbre nos valeurs partagées de liberté, de justice et de libre arbitre que protège notre Constitution. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi ce jour pour relancer Lavabit. »

Un pied de nez aux autorités américaines, qui avaient mené à la disparition du service en 2013. Lavabit était à l’époque utilisé par Edward Snowden. Après ses révélations sur l’ampleur du programme de surveillance de la National Securiy Agency (NSA) et son départ des Etats-Unis, les autorités américaines s’étaient rapprochées de Lavabit pour tenter de mettre la main sur les mails du lanceur d’alerte.

Le FBI avait exigé pour cela que l’entreprise lui fournisse les clés de chiffrement qui auraient pu lui permettre de consulter les e-mails d’Edward Snowden – mais aussi, assure Ladar Levison, ceux des 410 000 autres utilisateurs qu’il revendiquait à l’époque.

De « confiant » à « paranoïaque »

« En août 2013, j’ai été forcé de prendre une décision difficile, résume aujourd’hui Ladar Levison. Violer les droits du peuple américain et de mes clients, ou fermer. J’ai choisi la liberté. » L’Américain avait alors mis fin à son service.

Le nouveau Lavabit sera différent de celui d’alors. Payant, il proposera un niveau de sécurité renforcé au point que l’entreprise elle-même ne devrait pas être techniquement en mesure de répondre aux sollicitations potentielles des autorités.

Pour le moment, seuls les utilisateurs disposant déjà d’un compte Lavabit peuvent le réactiver ; les nouveaux venus devront attendre encore un peu. Ils pourront choisir entre trois niveaux de sécurité, plus ou moins faciles à utiliser : « confiant », « prudent » et « paranoïaque ».

Edward Snowden, de son côté, a assuré dans les colonnes de The Intercept qu’il comptait réactiver son ancien compte, « ne serait-ce que pour afficher [s]on soutien pour leur courage ». Il n’a toutefois pas commenté le niveau de sécurité du nouveau service, qu’il n’a pas encore pu expérimenter.