Donald Trump accusé de prendre à la légère la sécurité de ses communications
Donald Trump accusé de prendre à la légère la sécurité de ses communications
Selon les observations du « New York Times », le nouveau président utilise encore son ancien téléphone, peu sécurisé, malgré les mises en garde de ses conseillers.
Donald Trump a été investi le 20 janvier. | POOL / Jack Gruber-USA TODAY
C’est un très court passage d’un article du New York Times, publié mercredi 25 janvier, qui a fait bondir plusieurs experts en sécurité informatique. Dans ce reportage auprès de Donald Trump, la journaliste Maggie Haberman explique que le nouveau président utilise toujours son « vieux téléphone Android non sécurisé, malgré les protestations de certains de ses conseillers ». Il s’en serait servi, a pu constater la journaliste, pour tweeter, mais aussi pour recevoir des appels.
La semaine dernière pourtant, la même journaliste, tout comme l’agence Associated Press, avait cru comprendre, de source proche du président, que Donald Trump avait finalement « échangé son téléphone Android pour un appareil sécurisé et chiffré approuvé par le Secret Service avec un numéro que peu de personnes possèdent ». Il ne s’agirait donc pas d’un remplacement, puisqu’il semble que le nouvel occupant de la Maison Blanche, bien qu’ayant accepté un autre téléphone, n’a pas entièrement renoncé à l’ancien.
« Une terrible nouvelle pour la sécurité nationale »
Plusieurs experts avaient déjà fait part de leurs inquiétudes ces dernières semaines, en constatant que pendant la période de transition, Donald Trump avait continué à utiliser son téléphone non sécurisé.
« Un président américain s’accrochant à son téléphone basique est un problème de sécurité nationale », a critiqué mardi le site spécialisé Quartz. Même avis du côté de Recode, qui cite plusieurs experts en sécurité informatique : « C’est une terrible nouvelle pour la sécurité nationale. »
Ceux-ci soulignent que des failles sont régulièrement découvertes dans les téléphones grand public comme celui qu’utilise Donald Trump. Android publie régulièrement des mises à jour pour colmater les vulnérabilités découvertes dans son système, mais les constructeurs de téléphones mettent parfois un certain temps à rendre ces mises à jour disponibles à leurs clients.
Cela ne signifie pas pour autant que pirater un smartphone Android soit à la portée du premier venu, mais le président américain est l’une des personnalités les plus exposées au monde aux attaques informatiques.
Un tel smartphone, connecté à Internet, est potentiellement vulnérable à des attaques informatiques, et même si le président ne l’utilise pas pour des conversations relevant de sa fonction – ce qui n’est pas avéré –, cela pourrait poser de graves problèmes.
Activer le micro à distance
Si une entité, indépendante ou liée à un Etat, réussit à pénétrer dans ce téléphone, elle pourrait accéder aux e-mails et SMS du président, et obtenir ainsi de précieuses informations. Si elle accède à la caméra et au micro de l’appareil, elle pourrait être en mesure de les activer à distance, ce qui pourrait s’avérer problématique si le président l’emporte avec lui lors de réunions, par exemple.
Si l’intrus peut prendre le contrôle du compte Twitter du président, il peut aussi y publier le message de son choix. A l’heure ou les tweets de Donald Trump peuvent influencer la Bourse, les dégâts pourraient être considérables. Et si le pirate accède au GPS, alors il serait capable de localiser très précisément le président américain en temps réel.
Donald Trump sait pourtant bien quels torts une gestion trop légère de la sécurité de ses communications peut causer. Son adversaire à la Maison Blanche en a payé le prix : Hillary Clinton a été sévèrement critiquée pour avoir utilisé un serveur de messagerie privé lorsqu’elle dirigeait la diplomatie américaine. Des critiques qui avaient entaché sa campagne.
« Cela semble complètement irresponsable », a réagi un éditorialiste américain du Huffington Post à l’information du New York Times. « Cela vous expose au piratage, à des failles dans la sécurité nationale, à la disgrâce politique, à des audiences devant le Congrès, des enquêtes judiciaires et le spectre de la condamnation. Et au passage, cela offre d’innombrables possibilités à vos ennemis politiques – ou, peut-être, vos ennemis militaires, s’il se trouve que vous êtes chef d’Etat – de découvrir vos faiblesses et de les exploiter. »