Inquiétude pour l’avenir des migrants mineurs
Inquiétude pour l’avenir des migrants mineurs
Par Maryline Baumard
La CNCDH regrette l’absence de visibilité, alors que le dispositif des centres d’accueil pour les jeunes migrants prend officiellement fin le 31 janvier.
Camp de réfugiés, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), en décembre. | THOMAS SAMSON / AFP
Ils sont épuisés. Glacés. Certains n’ont pas pris de douche depuis un mois. Au local du Secours catholique à Calais, où on leur offre à manger et un peu de repos, Vincent de Coninck se dit « effrayé par l’état dans lequel sont ces jeunes hyperdéterminés à passer en Grande-Bretagne, qui se sentent trompés par la France ». A Paris, certains dorment dehors, en dépit du plan grand froid…
Alors que les centres d’accueil et d’orientation pour mineurs (Caomi), spécialement créés pour héberger les jeunes migrants de Calais, n’auront plus d’existence légale à compter du 1er février, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) se dit très inquiète pour ces adolescents sans papiers. « A quelques jours de l’échéance, nous n’avons pas d’informations précises », déplore sa présidente, Christine Lazerges, qui doute que le système classique d’accueil ait vraiment mis à profit les trois derniers mois pour se préparer à intégrer les 1 092 jeunes étrangers en attente.
Vulnérables et fragilisés
Le dispositif dérogatoire temporaire des Caomi avait été inventé pour ne pas asphyxier le système de l’aide sociale à l’enfance, incapable d’absorber un millier de jeunes supplémentaires du jour au lendemain. La plupart des 1 952 mineurs évacués de la « jungle » de Calais en octobre 2016 voulaient passer au Royaume-Uni. Londres en a accepté 860 et, officiellement, le ministre de l’immigration britannique, Robert Goodwill, a fermé le ban en décembre. Les jeunes, eux, continuent d’espérer… ou repartent tenter le passage clandestin. Bravant les nuits glaciales et la traque policière, au moins 147 d’entre eux ont déjà quitté les Caomi.
La CNCDH devait adopter, jeudi 26 janvier, une déclaration rappelant que si la Grande-Bretagne n’a pas été généreuse en matière d’accueil, la France, elle, doit faire face plus honorablement. « Nous demandons aux autorités nationales et locales d’intégrer ces mineurs le plus rapidement possible dans le dispositif de droit commun de la protection de l’enfance », ajoute Mme Lazerges qui se dit « extrêmement préoccupée » par la prise en charge de ces jeunes vulnérables, fragilisés par leur parcours. Elle rappelle que des tentatives de suicide ont eu lieu dans cette population et que beaucoup d’enfants migrants ont disparu en Europe.
La circulaire du 1er novembre créant les Caomi, signée du garde des sceaux, prend fin le 31 janvier. Dans l’entourage du ministre de la justice, on explique que le passage va se faire vers le dispositif classique d’accueil des enfants français. Mais la transition sera d’autant plus compliquée que le ministère de l’intérieur a longtemps entretenu l’idée que les Britanniques finiraient bien pas céder et accepter tous ces enfants.