Le planning familial en Afrique à la merci du veto de Donald Trump contre l’avortement ?
Le planning familial en Afrique à la merci du veto de Donald Trump contre l’avortement ?
Par Laurence Caramel
Les Etats-Unis assurent plus de 80 % de l’aide publique bilatérale attribuée aux pays d’Afrique subsaharienne pour financer le contrôle des naissances.
L’Afrique pourrait être la première touchée par la décision de Donald Trump de suspendre tout financement public aux associations qui soutiennent le droit à l’avortement aux Etats-Unis comme à l’étranger. L’agence de coopération internationale USAID assure en effet 82 % de l’aide publique internationale attribuée « aux politiques de population et de santé reproductive » en Afrique subsaharienne.
Les programmes de planning familial qui ont pour but de donner aux femmes la possibilité de maîtriser la fréquence de leurs grossesses ne font évidemment pas la promotion de l’avortement comme méthode contraceptive, mais le recours à l’interruption de grossesse n’est pas exclu, surtout lorsque la vie de la mère est en jeu. Le président « pro vie » comme M. Trump s’est qualifié a, a priori, exclu de ses sanctions ce dernier cas de figure. Mais tout sera évidemment affaire d’appréciation dans l’évaluation des politiques conduites par les services de santé ou les ONG.
Il faut cependant noter que le rétablissement de cette politique anti-avortement, introduite par Ronald Reagan en 1984 et connue sous le nom de « Mexico City Policy », a connu des aléas au gré des majorités – annulation par Bill Clinton en 1993, rétablissement par George W. Bush en 2001 puis nouvelle annulation en 2009 par Barack Obama – qui ont été sans impact sur les budgets alloués aux politiques démographiques à l’étranger. Selon les chiffres que l’OCDE publie depuis 2002, ces budgets ont régulièrement augmenté, sauf en 2014 et 2015. L’enveloppe allouée en particulier aux politiques de planning familial en Afrique n’a jamais cessé d’augmenter. De façon plus rapide, il est vrai, pendant les deux mandats de Barack Obama.
M. Trump sera-t-il le président républicain à remettre en cause cette priorité de l’USAID ? Cela constituerait une rupture majeure dans la politique des Etats-Unis pour qui la maîtrise de la croissance démographique est jusqu’à présent un enjeu de développement et de sécurité.