De la nature et de la culture : nos idées de sorties pour le week-end
De la nature et de la culture : nos idées de sorties pour le week-end
Chaque vendredi, La Matinale propose une sélection de spectacles, expositions ou concerts pour finir la semaine en beauté(s)
LA LISTE DE NOS ENVIES
Pour fêter le redoux sur l’Hexagone, La Matinale vous emmène à Marseille, dans le Marais, à la Philharmonie... En images, en musique ou en mots.
SPECTACLE. Camille Boitel danse avec ses tréteaux au Théâtre de la Cité universitaire
L’homme de Hus. | DR
Lutter à mains et à pieds nus contre une horde de cent tréteaux de bois, rebelles et déséquilibrés, qui semblent n’en faire qu’à leur tête jusqu’à vous bouffer tout cru, voilà qui engendre naturellement une drôlerie absurde. Quatorze ans après la création de L’Homme de Hus, Camille Boitel reprend son spectacle à la croisée du cirque, du théâtre et de la danse dans ce même Théâtre de la Cité internationale, à Paris, et la magie fulgurante de ce faux solo, accompagné par trois partenaires, est un pur régal.
Jetée avec « une grande colère et de la fragilité » par ce jeune auteur, complice de création de James Thierrée de 1996 à 1998, cette pièce se révélait fondatrice. Savourer aujourd’hui la force d’expansion de ce spectacle qui va se déployer dans une œuvre spectaculaire hautement singulière est aussi un bonheur de spectateur. Sur ces morceaux de bois brinquebalants, Camille Boitel a construit un geste unique, obsédé par l’effondrement, la catastrophe et tous les moyens possibles d’y survivre au gré d’un dialogue avec les objets et l’invention d’agrès de cirque qui ne disent pas leur nom. Rosita Boisseau
Théâtre de la Cité internationale, 17, boulevard Jourdan, Paris 14e. Tél. : 01-43-13-50-60. Vendredi 27 à 20 h 30, Samedi 28 à 19 h 30. Jusqu’au 31 janvier. De 7 € à 22 €.
EXPOSITION. Théo Mercier, programmateur d’obsolescence, à Marseille
« Sans titre » (2016), de Théo Mercier. | THEO MERCIER & ERWAN FICHOU / ADAGP
Dernier week-end pour découvrir le jeune plasticien Théo Mercier (né en 1984), qui, après un éloignement salutaire au Mexique, est revenu avec cette exposition-résurrection baptisée « The Thrill in Gone ». Avec, en préalable, un miracle d’équilibre : ainsi ces trois boules blanches superposées qui reposent sur une jarre en terre cuite, laquelle est posée sur le coin d’un socle incliné à l’oblique retenu à sa base par un pneu d’automobile. On a affaire ici à un des principes de la sculpture des plus classiques, un contrapposto, c’est-à-dire une torsion de la figure, mais dont l’axe vertical doit respecter la loi du fil à plomb.
C’est de cela que Mercier est allé chercher la confirmation au Mexique : un goût réaffirmé pour le baroque, plutôt que pour le maniérisme, et une révision de l’histoire de l’art qui satisfait sa passion de hanter les marchés aux puces et les brocantes.
Pour l’encadrement, il a plutôt tendance à se fournir chez GoodYear : ce sont des pneus qui servent d’écrin à un crâne de machairodus, à un fragment d’amphore antique, à un masque africain, ou encore à un nautile dont la coquille se transforme en jante idéale. Animaux et civilisations disparus, c’est à cela que le visiteur est confronté. Sans nostalgie aucune mais d’abord avec une grande joie de retrouver, vivifiés, ces témoignages de l’histoire des hommes. Harry Bellet
Musée d’art contemporain, 69, avenue d’Haïfa, Marseille. Tél. : 04-91-25-01-07. Tous les jours sauf lundi, de 10 heures à 18 heures, jusqu’au 29 janvier. Tarifs : de gratuit à 5 €.
PHOTOGRAPHIE. Les images circulent au Centquatre
Extrait du projet de Stéphane Winter. | STEPHANE WINTER
Tous les ans, au Centquatre, le festival Circulations prend le pouls de la jeune création européenne en matière de photographie : après une sélection féroce, vingt-cinq artistes venus de plus ou moins loin sont invités à exposer leurs images. Chacun a son espace, et on trouve sur les murs aussi bien du photojournalisme que de la photo plasticienne, des vidéos que des paysages.
Parmi les révélations, un « jeune » Suisse, Stéphane Winter (43 ans, mais c’est son premier projet photo), qui expose un travail aussi farfelu qu’intime. Né en Corée, adopté par des parents suisses, il a passé sa jeunesse à fabriquer avec eux des mises en scène délirantes, en improvisant des déguisements avec les moyens du bord et en posant à la maison, entre les montagnes enneigées et le papier à fleurs. Il a attendu des années, après la mort de son père, pour en faire une exposition. Les images complices de cette famille si normale et pourtant si fantasque exsudent en fait l’amour et la confiance. Claire Guillot
Festival Circulations, jusqu’au 5 mars, au Centquatre, 5, rue Curial, Paris 19e. Gratuit dans la nef et la halle Aubervilliers.
ART. La mer et ses « Traversées » déferlent au Centre Pompidou
Affiche de « Traversées ». | CENTRE POMPIDOU
Pour sa 12e édition, le festival pluridisciplinaire Hors pistes propose avec « Traversées » des épopées marines en écho aux imaginaires contemporains, entre enjeux intimes et géopolitiques. La traversée de la Méditerranée, route migratoire de tous les périls, sera au cœur de la réflexion d’une « assemblée pirate » rassemblée en ce premier week-end de la manifestation pour débattre et écrire collectivement ce que pourrait être une « constitution » migrante, qui tiendrait compte du devenir-migrant du monde, hors des cadres d’une nation ou d’un peuple.
Une expérience à laquelle participeront une trentaine d’écrivains, poètes, artistes, intellectuels, juristes, politologues et réfugiés, dont Tania Bruguera, Etienne Balibar, Michel Agier, Camille de Toledo, Kader Attia, Françoise Vergès, Mathieu Larnaudie, le PEROU, Marielle Macé, Emmanuel Ruben... Chacun proposera un article, qui sera négocié et amendé avant d’être soumis au vote. Une proposition d’Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós (Le peuple qui manque). Emmanuelle Jardonnet
« Une Constituante migrante », samedi 28 et dimanche 29 janvier de 14 heures à 21 heures dans la Grande Salle. Entrée libre. Festival Hors Pistes jusqu’au 12 février. Consulter le programme ici.
MUSIQUE. Week-end au sommet autour du Lied à la Cité de la musique
Christian Gerhaher. | J. RAKETE
Les Liedersänger (chanteurs de lieder) appartiennent à une caste à part du domaine vocal. Des interprètes capables de se mettre au service de la poésie, de raconter des histoires en musique sans que la question spécifique de la voix pèse ou pose.
Au programme de ce dernier week-end de La Biennale d’art vocal, quatre barytons (trois Allemands, un Autrichien) passés maître dans cet art. Ainsi Thomas E. Bauer, qui interprétera le Chant du cygne de Schubert avec Jos van Immerseel sur un piano d’époque, le magnifique Christian Gerhaher et son complice Gerold Huber dans un programme Schumann (notamment les Liederkreis op. 24), ou bien encore Christian Immler et Kristian Bezuidenhout dans Mozart, Beethoven et Schubert, sans oublier Georg Nigl et Andreas Staier reliant l’Italie de Marini et de Monteverdi à Schubert et Xenakis. Marie-Aude Roux
Cité de la Musique - Philharmonie de Paris, Paris 19e. Le 27 janvier à 19 heures et 20 h 30, le 28 janvier à 18 heures et 20 h 30. De 18 € à 32 €.
LITTÉRATURE. L’écriture de la nature au Musée de la chasse
L’affiche du Salon « Lire la nature ». | DR
Journée portes ouvertes ce samedi au Musée de la chasse et de la nature, l’occasion de visiter (gratuitement) ce lieu insolite et suranné sis au cœur du Marais à Paris. Installé dans les magnifiques hôtels particuliers de Guénégaud et de Mongelas, l’établissement prône des relations homme-nature respectueuses de l’environnement et de la diversité des espèces, à travers une collection d’œuvres permanentes, des expositions, rencontres et conférences.
Samedi, de 10 heures à 19 heures, le lieu accueille la première édition du Salon Lire la nature. Romanciers et essayistes investiront les lieux pour, entre un trophée de cerf, une tête de tigre et une toile représentant une scène de chasse, débattre avec des scientifiques de sujets tels que « Humains/animaux: que nous disent les écrivains ? » (à 14 heures) ou « Cohabiter avec le sauvage : de la guerre à la réconciliation (à 17 h 30).
Les enfants sont invités à participer à des ateliers de découverte de la nature autour de la lecture d’un livre de littérature jeunesse. Ils pourront aussi voir le film de Michel Ocelot Kirikou et les bêtes sauvages (2005), en présence du réalisateur, qui répondra ensuite à leurs questions. Une après-midi bestiale en perspective ! Sylvie Kerviel
Musée de la chasse et de la nature, 60-62, rue des Archives, Paris 3e. Tél : 01-53-01-92-40. Entrée gratuite.