Le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, à Paris le 24 janvier. | ERIC PIERMONT / AFP

Il y a juste un an, EDF annonçait un plan de suppression de 4 000 emplois sans licenciements, tournant une page de l’histoire du groupe, peu habitué à réduire ses effectifs. Ses dirigeants devaient présenter en comité central d’entreprise, jeudi 2 février, un nouveau plan portant le total de cette réduction de postes à un peu plus de 5 000. Le nombre de salariés d’EDF SA en France serait ramené de 65 000 agents fin 2016 à quelque 60 000 personnes dans trois ans. La réduction serait de 6,4 % sur ce périmètre du groupe, les filiales de transport (RTE), de distribution (Enedis) et de services à l’énergie (Dalkia) n’étant pas concernées.

Selon Force ouvrière, 2 000 postes ont déjà été supprimés l’an dernier. Le contexte s’est tendu après l’annonce du gel du salaire national de base du secteur des industries électriques et gazières (EDF, Engie…), sans précédent depuis 1946. La mesure a entraîné une forte mobilisation des salariés appelés à la grève mardi 31 janvier.

Recul du prix de gros de l’électricité

Entre 2010 et 2014, sous la présidence d’Henri Proglio, les effectifs français avaient gonflé de 9 %, rappelle la direction actuelle. Changement de politique avec son successeur, Jean-Bernard Lévy, nommé à la tête de l’entreprise fin 2014. EDF continuera bien à recruter : 1 500 personnes cette année, environ 1 000 en 2018, surtout dans le cœur de métier de la production et dans les systèmes d’information. En revanche, les activités de vente d’énergie et de services de la direction « commerce » et les fonctions support (juridique, comptabilité, communication…) seront les plus touchées.

Ce nouvel effort réclamé aux salariés ne les a pas surpris. En un an, l’environnement et la situation d’EDF se sont fortement dégradés. M. Lévy présentera, le 14 février, des résultats annuels 2016 en recul par rapport à ceux de 2015, confirmant les avertissements sur résultats lancés au dernier trimestre. Le géant de l’électricité a beaucoup souffert des nombreux arrêts de réacteurs nucléaires consécutifs aux révélations sur les défauts de fabrication ou de tenue des dossiers imputables à des fournisseurs de gros équipements français (Areva NP) et japonais.

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De plus, les comptes ont aussi lourdement pâti du recul sans précédent des prix de gros de l’électricité, où EDF est de plus en plus exposé depuis l’ouverture des marchés de l’énergie à la concurrence, en 2000. Le prix du mégawattheure (MWh) est tombé à 26 euros début 2016. S’il est remonté à 35 euros, les financiers d’EDF projettent un prix de cet ordre en 2018-2019. Auparavant, jamais ils n’étaient tombés sous la barre des 40 euros le MWh.

Lourds investissements dans le parc nucléaire français

Dans le même temps, EDF doit engager de très lourds investissements pour rendre son parc français de 58 réacteurs nucléaires plus sûr et plus performant (50 milliards d’euros d’ici à 2015), tout en investissant dans les énergies renouvelables, la modernisation des réseaux, le compteur communiquant Linky et les deux EPR britanniques d’Hinkley Point (16 milliards), qui commenceront à peser sur le bilan en 2019.

M. Lévy a lancé un plan de transformation qui passe par une réduction des coûts de 1 milliard sur 2015-2019 (sur une base de 22 milliards d’euros), ce qui explique les non-remplacements de départs à la retraite, mais aussi un gel du salaire et un plan de 10 milliards d’euros de cessions d’actifs, notamment dans les centrales au charbon. La dette reste très élevée (37,4 milliards) et le groupe, premier émetteur d’obligations en euros, doit conserver une note correcte auprès des agences de notation. Selon ses dirigeants, l’augmentation de capital annoncé en 2016 doit intervenir au premier semestre, l’Etat versant 3 milliards et des partenaires d’EDF 1 milliard.