A Avdiivka, près de Donetsk (Ukraine), le 31 janvier. Les combats ont entraîné des coupures d’eau et de chauffage. | ALEKSEY FILIPPOV/AFP

Jamais totalement éteint, le front ukrainien connaît ces derniers jours un embrasement inquiétant. La localité d’Avdiivka, située à quelques kilomètres au nord de Donetsk, la « capitale » des rebelles prorusses du Donbass, est, depuis le week-end des 28 et 29 janvier, le théâtre des affrontements les plus durs observés depuis plusieurs mois.

Depuis dimanche 29 janvier, neuf soldats ukrainiens sont morts et près de cinquante ont été blessés. Les pertes rebelles ne sont pas connues, et au moins quatre civils ont été tués. Symbole de cette nouvelle escalade, les redoutables lance-roquettes Grad ont fait leur retour sur cette portion du front, et les combats ont désormais lieu au grand jour, plus seulement la nuit. Sur les dernières vingt-quatre heures, les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) – chargés de surveiller l’application des accords de paix de Minsk, mort-nés dès leur signature en février 2015 – ont recensé 2 300 explosions dans ce secteur.

Des combats à l’arme légère ont également eu lieu dans la zone industrielle d’Avdiivka, où les positions des deux camps sont parfois distantes de quelques dizaines de mètres. Ces combats ont entraîné des coupures d’eau, de chauffage et d’électricité pour 17 000 habitants, alors que les températures atteignent, la nuit, près de – 20 °C. Mardi 31 janvier, après avoir écourté une visite d’Etat en Allemagne, le président ukrainien, Petro Porochenko, a ordonné de préparer une évacuation des civils.

Comme c’est désormais de coutume, les deux camps se renvoient mutuellement la responsabilité des affrontements. Mais l’agglomération d’Avdiivka, la plus importante tenue par l’armée ukrainienne le long de la ligne de front, fait régulièrement l’objet d’attaques des forces rebelles.

Eruptions de violence récurrentes

Les troupes ukrainiennes ont toutefois elles-mêmes contribué à ce regain de tensions en s’emparant, fin décembre 2016, de la petite localité de Novolouhanske, sur une autre portion du front, tout en expliquant ne pas violer le cessez-le-feu, puisque la ville se trouve non seulement dans la zone tampon, mais aussi dans la zone de contrôle théorique garantie par les accords de Minsk.

Depuis le gel partiel du conflit, les éruptions de violence sont récurrentes dans le Donbass, mais le climat international rend la situation particulièrement volatile. Après la prise de contact entre les présidents russe et américain, samedi 28 janvier, nombre d’observateurs, à Kiev, craignent que Moscou cherche à tester ce que pourraient être les nouvelles lignes rouges de la Maison Blanche, voire à profiter du flottement actuel à Washington pour faire bouger les lignes. Hormis une simple déclaration de la mission américaine auprès de l’OSCE, les combats d’Avdiivka ne suscitaient toujours pas, mercredi matin, le moindre commentaire de l’administration américaine.