CAN 2017 : Hugo Broos, un entraîneur Belge au sommet de l’Afrique
CAN 2017 : Hugo Broos, un entraîneur Belge au sommet de l’Afrique
Le Monde.fr avec AFP
Avec la victoire des Lions indomptables en finale contre l’Egypte (2-1), l’ancien défenseur d’Anderlecht savoure sa revanche sur le monde du football.
C’est l’histoire d’un Belge, il arrive au Cameroun et un an après il gagne la Coupe d’Afrique des Nations : Hugo Broos est devenu dimanche le premier sélectionneur belge à coucher son nom dans le livre d’or de la biennale du football africain.
Avec la victoire des Lions indomptables en finale contre l’Egypte (2-1), c’est aussi l’histoire d’un homme de 64 ans, ancien défenseur d’Anderlecht et des Diables rouges, qui prend humblement sa revanche contre celles et ceux qui l’avaient oublié, à peu près tout le monde.
Blanchi sous le harnais
« Cela m’étonne un peu de voir qu’aujourd’hui, tout le monde loue mes qualités en Belgique », a d’ailleurs déclaré au journal flamand Nieuwsbald l’ancien joueur blanchi sous le harnais, mais svelte comme un jeune homme, les yeux clairs et rusés qui semblent éclairer un éternel petit sourire ironique.
« Mes qualités étaient encore remises en doute il y a peu. Cela fait d’ailleurs des années que je n’ai pas reçu ma chance. Personne ne me contacte. On m’a déjà dit que j’étais trop vieux, ou trop cher, alors que durant ces six dernières années, personne ne m’a demandé ce que je voulais comme salaire », a ajouté celui qui vient de rejoindre le cercle des Européens sans grade que l’Afrique tire soudain de l’anonymat.
Arrivé en février 2016 à la tête d’une sélection qui n’avait pas gagné de match en phase finale de la CAN depuis 2010, le natif de Humbeek a immédiatement été plongé dans les joies du marigot camerounais : presse intraitable, éternelles bisbilles joueurs/fédération sur le montant des primes, sans oublier les rodomontades de Roger Milla sur le thème du « c’était mieux de mon temps ».
« On ne m’a pas donné ma chance »
« Ce n’est pas agréable, certainement pas, assure Broos, critiqué jusqu’au début de la CAN. Je n’ai pas compris pourquoi au début on ne m’a pas donné ma chance. Un journaliste doit être critique mais il faut rester correct. Et la correction n’était pas toujours là. »
Flegmatique, Broos a résisté aux assauts venus de toutes parts en restant fidèle à lui-même : « Je fais à ma manière. Si cela ne réussit pas, tant pis pour moi. Mais je pense qu’aujourd’hui, cela a réussi ».
Au chômage depuis plusieurs années, le Belge a su constituer un groupe avec des joueurs pour la plupart inconnus, pour parer aux défections de sept cadres, qui doivent se mordre les doigts de n’être pas venus au Gabon.
Alain Giresse, Hervé Renard, voire un nouveau retour de Claude Le Roy : on voyait plutôt très classiquement un Français, de préférence avec une expérience en Afrique, pour remplacer l’Allemand Volker Finke début 2016 à la tête du Cameroun.
Les joies de l’expatriation
Difficultés financières de la Fédération, dans un pays qui connaît comme le reste de l’Afrique centrale un ralentissement de son économie ? Toujours est-il que le choix des dirigeants s’est porté sur un entraîneur belge (FC Bruges, Excelsior Mouscron, Anderlecht, Genk...), qui avait découvert sur le tard les joies de l’expatriation, avec de brèves expériences de clubs en Turquie, aux Emirats arabes unis, ainsi qu’en Algérie à la JSK où il ne reste que quelques mois.
« Evidemment, la pression est peut-être un peu plus forte ici, dans ce grand pays. Mais vous êtes habitué à cette pression lorsque vous avez entraîné des clubs en Belgique comme Anderlecht ou le FC Bruges », a-t-il insisté, sans convaincre grand monde à l’époque.
Avec deux matches nuls initiaux contre l’Afrique du Sud, Broos met en place sa méthode : faire tourner les joueurs, miser sur le collectif plutôt que sur des fortes individualités, donner leur chance à des nouveaux venus comme Christian Basogog (Aalborg/Danemark), désigné meilleur joueur du tournoi alors qu’il n’a été sélectionné pour la première fois qu’en novembre dernier.
Sur les coups de 22h00 ce dimanche à Libreville, le sexagénaire a couru comme un gamin pour venir partager la joie de ses joueurs sur le stade de l’Amitié. La revanche des Lions, qui commençaient à subir le désamour de tout un pays, est aussi celle qu’il prend sur son propre parcours.