Le président haïtien, Jocelerme Privert, au côté du président haïtien élu, Jovenel Moise, lors de sa cérémonie d’investiture, à Port-au-Prince (Haïti), le 7 février 2017. | HECTOR RETAMAL / AFP

Propulsé en 2015 à 48 ans sur la scène politique par le président Michel Martelly, Jovenel Moïse accède dès le début de sa carrière politique aux plus hautes fonctions. Il est devenu le 58e président d’Haïti mardi 7 février lors de la cérémonie d’investiture à Port-au-Prince.

Plus de 2 000 personnes avaient été invitées à cette passation de pouvoir organisée en deux temps : la prestation de serment au Parlement en début de matinée, suivie d’une cérémonie religieuse et du premier discours du 58e chef de l’Etat haïtien.

Les cérémonies ont lieu au cœur de la capitale haïtienne à l’emplacement du palais présidentiel, détruit lors du terrible séisme en janvier 2010.

Deux élections présidentielles

Surnommé « l’homme-banane » durant la campagne présidentielle, car il est propriétaire de bananeraies, Jovenel Moïse avait été choisi par l’ancien président Martelly pour être son successeur. Le président sortant, une star de carnaval qui amuse les foules en se déhanchant et abusant d’un vocabulaire grossier, contraste avec son successeur à la personnalité effacée et inconnu du grand public.

Jovenel Moïse était arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle en octobre 2015. Mais en raison de contestations et de fraudes massives, le vote avait été annulé. L’homme d’affaires, qui entend relancer par l’agriculture l’économie haïtienne a finalement été élu président en novembre 2016, lorsque le scrutin avait été reprogrammé.

A la fin du mandat de Michel Martelly, le 7 février 2016, faute de successeur élu à temps, le Parlement avait choisi Jocelerme Privert, alors président du Sénat, pour assurer l’intérim. Avec un an de retard, la première République noire de l’histoire, marquée par une tradition d’instabilité politique, retournera à l’ordre constitutionnel en ayant à sa tête un président élu au suffrage universel direct.

Décision de justice en suspens

Les doutes concernant de possibles blanchiments d’argent dont M. Moïse aurait été l’auteur n’ont cependant pas été levés. A l’été 2016, l’Unité centrale de renseignements financiers avait transmis à la justice le rapport confidentiel de son enquête sur les comptes de M. Moïse, enquête débutée en 2013 à la suite du signalement d’une institution bancaire.

Si le juge d’instruction a remis son rapport au commissaire du gouvernement (l’équivalent du procureur en Haïti), ce dernier n’avait pas lundi soir rendu publique sa décision – prononcer un non-lieu, demander une enquête complémentaire ou inculper le président élu. Cette décision de justice laissée en suspens mine la déjà fragile popularité de Jovenel Moïse.