« Je suis très heureuse des résultats », s’est réjouie Anne Hidalgo, dimanche 24 septembre, souriante sous les lambris de la salle des fêtes de l’Hôtel de ville, comme si le score des sénatoriales était une petite revanche. La maire de Paris ne manquait pas de raisons de savourer le moment. Alors qu’Emmanuel Macron avait réalisé, dans la capitale, son meilleur score au premier tour de la présidentielle et raflé treize circonscriptions sur vingt aux législatives, la gauche résiste cette fois à l’offensive macroniste. Au Sénat, le PS conserve quatre sièges alors qu’il en avait obtenu cinq en 2011, dans un contexte plus favorable. « C’est ici [au Sénat] que le rebond du PS commence ! », s’est félicité, dans la soirée, Rémi Féraud, chef de file de la liste PS. Le Parti communiste et Europe Ecologie-Les Verts ont sauvé chacun leur siège. Est également élu Bernard Jomier, ex-élu écologiste. Adjoint à la santé de Mme Hidalgo, il présentait sa propre liste.

A l’inverse, la déception était perceptible parmi les macronistes. Investi pour conduire la liste La République en marche (LRM), l’ex-PS Julien Bargeton est le seul à être élu alors qu’il espérait obtenir deux sièges. « C’est un résultat moyen, admettait Jérôme Dubus, numéro trois sur la liste de M. Bargeton. Mais, n’ayant pas de grands électeurs, il fallait aller à la pêche à gauche, au centre et à droite », se dédouane cet ex-LR, rallié à LRM.

Dans les rangs de la gauche parisienne et parmi les macronistes, certains considèrent que la non-performance de LRM est due à la présence de M. Dubus, dont les solides convictions de droite ont dissuadé des grands électeurs socialistes de voter pour la liste de M. Bargeton.

La liste macroniste a aussi pâti de la concurrence de Bernard Jomier, qui a capté les voix de gauche qui ne voulaient cautionner ni la liste PS ni celle de LRM. Non contente du coup d’arrêt porté à l’offensive macroniste, Mme Hidalgo a aussi rappelé que M. Bargeton comme M. Jomier faisaient partie de son exécutif jusqu’à leur élection au Sénat qui les oblige, en vertu de la loi, à choisir entre leur nouveau mandat et leur poste d’adjoint à la mairie. De même que le PCF et EELV, sont représentés au sein de son équipe municipale. « J’ai une majorité solide, très large et respectueuse des différences », s’est targuée la maire de Paris.

« Désaveu » pour la droite

Certains au PS ne partageaient pas tout à fait l’euphorie du moment. « Il va falloir que la majorité parisienne trouve une ligne aux municipales qui empêche Macron mais aussi Mélenchon de poursuivre leur progression à Paris », prévenait dimanche Frédéric Hocquard, conseiller chargé des questions relatives à la nuit auprès de Mme Hidalgo. « Le résultat des sénatoriales ne va pas nous dispenser d’une clarification politique », ajoute ce proche de Benoît Hamon. La séance du Conseil de Paris prévue du 25 au 27 septembre pourrait donner un aperçu des futures discussions au sein de la majorité municipale à l’occasion d’un débat sur les emplois aidés. Certains sont partisans de les maintenir, comme M. Féraud, d’autres de les supprimer, comme M. Bargeton.

Décimée aux législatives par les troupes macronistes, la droite aussi a fait barrage à la poussée Macron. Elle avait obtenu trois sièges en 2011. Elle en engrange quatre dont un aux dépens du sénateur UDI sortant, Yves Pozzo di Borgo, candidat malheureux à sa réélection. Mais le score est aussi un sérieux avertissement pour Les Républicains. Chef de file de la liste investie par LR, Pierre Charon conserve son fauteuil sans obtenir le deuxième siège qu’il escomptait. « Un désaveu sévère pour les barons du parti, assène François-David Cravenne, élu LR du 15arrondissement. Qu’il s’agisse de Wauquiez, Pécresse ou de Philippe Goujon, patron de la fédération LR à Paris, qui ont tous soutenu la liste Charon », poursuit-il.

A la tête d’une liste LR concurrente, Philippe Dominati est non seulement réélu mais décroche un second siège pour Céline Boulay-Espéronnier, élue (LR) du 16e arrondissement. En menant sa propre liste dissidente, Catherine Dumas (LR) gagne aussi son siège. La droite parisienne, après cette nouvelle atomisation, n’est pas prête de recoller ses morceaux.