Quel est le point commun entre une balle de tennis, un livre, un Playmobil, une bouteille d’eau ou une brique de Lego ? Voilà autant d’objets que les admissibles à l’Ecole supérieure de commerce (ESC) de ­Dijon, récemment rebaptisée Burgundy School of Business (BSB), ont pu trouver dans la salle où ils préparent leur oral d’admission.

L’ESC Troyes a renoncé depuis 2014 à sa traditionnelle question de ­culture générale pour introduire l’entretien de motivation et lui a substitué un « rocket pitch » : un exercice de trois minutes où l’étudiant présente un produit ou un service innovant, qu’il imagine à partir de trois objets ­actualisés chaque année. « On nous a proposé de ­nouveaux modes de livraison pour la restauration rapide et des ballons connectés enregistrant la force de frappe des sportifs », ­raconte Didier Calcéi, responsable du laboratoire d’innovation pédagogique de l’école. En offrant un autre angle d’approche, la formule permettrait de « révéler un éventuel potentiel entrepreneurial » chez le candidat.

Travailler en équipe

BSB et l’ESC Troyes ne sont les seules à tenter de sortir des sentiers battus. Car les formats classiques ont leurs limites. L’entretien individuel de motivation ? Il est tellement travaillé en amont qu’il en devient trop lisse, regrettent bien des jurys. Les interrogations de connaissances ? Elles seraient « redondantes » avec la première partie des concours, comme l’explique Frédéric Meunier, directeur de l’Efrei, une école d’ingénieurs orientée vers le numérique :

« Les enseignants vont observer comment chaque étudiant se positionne dans son équipe. » Frédéric Meunier, directeur de l’Efrei

« On considère que les deux années de prépa et les épreuves écrites nous renseignent suffisamment sur les qualités scientifiques des jeunes qui postulent. » Il reste cependant des inconnues en termes de ­savoir-être. « Notre but est de former des ingénieurs prêts à agir en entreprise. Nous privilégions donc le recrutement de personnes capables de travailler en équipe »,poursuit M. Meunier.

L’art de communiquer, la curiosité et la créativité seraient des qualités d’autant plus essentielles à repérer que, avec les nouvelles technologies, « ce que l’on enseigne aujourd’hui ne sera plus forcément valable demain », renchérit Joël Courtois, directeur général de l’Epita, une école d’ingénieurs spécialisée en informatique.

­« Entretien inversé »

Parmi les options qui s’ouvrent aux écoles, la première est de garder le cadre de l’entretien tout en le dynamisant. C’est ce que font BSB ou Grenoble Ecole de Management (GEM). Entre l’exposé sur un sujet tiré au sort et les questions sur le curriculum vitae, cet établissement a intercalé un ­« entretien inversé ». Pendant neuf minutes, c’est au candidat d’interroger l’un des membres du jury sur son parcours, un loisir ou une actualité.

A chacun de bien gérer son temps pour trouver sans tarder les points qui feront mouche. « Bien sûr, on peut s’entraîner en amont à l’exercice avec des personnes que l’on rencontre au quotidien, mais mieux vaut ne pas trop se préparer, conseille Béatrice Nerson, directrice adjointe de GEM. C’est justement la capacité du jeune à écouter et s’adapter à son interlocuteur qui nous intéresse », prévient-elle. Aussitôt après l’entretien, il est invité à synthétiser ce qu’il lui a apporté.

D’autres écoles préfèrent innover complètement, comme l’Efrei avec son serious game : répartis en huit ou dix équipes, les candidats doivent se projeter dans une entreprise industrielle. Ils sont ainsi amenés à prendre des décisions sur des questions de marketing en fonction de la trésorerie, des stocks et des carnets de commandes attribués au départ. « Plus que les performances, les enseignants vont observer comment chaque étudiant se positionne dans son équipe, indique Frédéric Meunier. C’est une épreuve généralement appréciée, qui nous permet de juger la capacité à s’organiser en mode projet. »

De là à renverser les classements ? Les résultats sont très variables d’une école à l’autre. Certaines voient ces exercices atypiques comme des bonus, d’autres leur attribuent un poids certain, comme l’Epita, où l’épreuve orale de créativité est dotée d’un coefficient 7 contre un coefficient 8 pour l’entretien de motivation.

« Cela peut modifier les résultats, certes, reconnaît Joël Courtois, mais cela aide les candidats à mieux comprendre l’esprit de l’école et ce que l’on attendra d’eux ensuite. » Et pourquoi pas à modifier l’ordre de leurs vœux ?

Participez à « O21, s’orienter au XXIe siècle »

Comprendre le monde de demain pour faire les bons choix d’orientation aujourd’hui : après Lille ( les 6 et 7 janvier), « Le Monde » organise son nouvel événement O21 à Cenon (près de Bordeaux, les 10 et 11 février au Rocher de Palmer), à Villeurbanne (les 15 et 16 février) et à Paris (4 et 5 mars, à la Cité des sciences et de l’industrie). Deux jours pendant lesquels lycéens et étudiants peuvent échanger avec des dizaines d’acteurs locaux innovants, qu’ils soient de l’enseignement supérieur, du monde de l’entreprise ou des start-up.

Pour participer à une ou plusieurs conférences et ateliers, il suffit de s’inscrire gratuitement en ligne, à O21 Cenon, O21 Villeurbanne et O21 Paris. Le ministère de l’éducation nationale étant partenaire de l’événement, les enseignants et établissements peuvent y emmener leurs élèves sur le temps scolaire. Pour les classes ou les associations, les inscriptions s’effectuent de façon groupée par l’envoi d’un simple e-mail à l’adresse o21lemonde@lemonde.fr.

Lors de ces événements sont également diffusés des entretiens en vidéo réalisés avec trente-cinq personnalités de 19 ans à 85 ans qui ont accepté de traduire en conseils d’orientation pour les 16-25 ans leur vision du futur.

Placé sous le haut patronage du ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, O21 est également soutenu, au niveau national, par quatre établissements d’enseignement supérieur (Audencia, l’Essec, l’Epitech, et l’alliance Grenoble école de managementEM Lyon). Localement, l’événement est porté par les conseils régionaux des Hauts de France, de Nouvelle Aquitaine et d’Ile-de-France, les villes de Cenon et de Villeurbanne et des établissements d’enseignement supérieur.