Chacun sa thérapie de choc pour réformer une assurance-chômage en surchauffe. A l’exception de Marine Le Pen, dont le programme ne comporte pas une ligne sur l’Unedic, l’organisme gestionnaire de l’assurance chômage à la destinée duquel président les partenaires sociaux, tous les grands candidats ont leur petite idée du devenir de cette organisation. Et de la modification, nécessaire selon eux, des règles qui la régissent.

A commencer par François Fillon. Le candidat du parti Les Républicains a eu largement le temps d’exposer sa vision de la question lors de la primaire de la droite organisée en novembre 2016. Et son traitement est radical. Pour lui, l’assurance-chômage ne peut plus continuer à être déficitaire (4,2 milliards d’euros en 2016). Elle doit non seulement fonctionner à l’équilibre mais de plus participer à la cure d’austérité générale que le candidat souhaite imposer à la France. L’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy voudrait voir le régime effectuer 10 milliards d’euros d’économies sur la durée du quinquennat. Pour les trouver, il se propose d’abord d’instaurer la dégressivité des allocations-chômage : un demandeur d’emploi verrait ainsi son indemnité baisser d’un certain montant (non encore précisé) au bout de six mois. Cette mesure avait le vent en poupe pendant la primaire mais elle a du mal à convaincre les observateurs. « Nous n’avons jamais proposé la dégressivité des allocations car nous n’en voyons pas l’utilité », confiait récemment au Monde un pilier du Medef.

Autre mesure : le plafonnement des allocations-chômage à 75 % du salaire net. Ce qui est en fait… déjà le cas. Enfin, François Fillon souhaite retirer la garantie de l’Etat aux emprunts de l’Unedic, rendant quasiment impossible à l’institution de se financer sur les marchés. S’il est élu, M. Fillon laissera aux partenaires sociaux l’opportunité de mettre en place ces mesures dans le cadre d’une nouvelle convention paritaire. S’ils ne le font pas avant fin décembre 2017, le candidat n’hésitera pas : il leur retirera la gestion de l’assurance-chômage. Mais l’entourage de M. Fillon l’assure, il ne s’agit pas uniquement de faire des économies mais aussi d’inciter « les demandeurs d’emploi à retrouver du travail ». « Ce sont des mesures d’intérêt général qui se placent dans un contexte de relance général de l’économie », explique un proche du candidat.

Extension aux indépendants et démissionnaires

Nationaliser l’assurance-chômage, c’est aussi l’une des propositions égrenées au fil des semaines lors de ses différents meetings par Emmanuel Macron, le candidat d’En Marche ! Et une partie du remède que l’ancien locataire de Bercy souhaite administrer au régime. « Nous voulons une rupture profonde avec la manière dont on a construit l’assurance-chômage jusqu’à présent », expliquait récemment son entourage. S’il souhaite retirer la gestion de l’Unedic aux partenaires sociaux, c’est que M. Macron tient à avoir la main sur la convention afin de changer un certain nombre de règles. Parmi elles, l’extension de l’assurance-chômage aux indépendants (au bout de cinq années d’activité) et aux démissionnaires. Mais aussi la suppression des cotisations chômage et maladie de tous les salaires avec pour objectif de « redonner du pouvoir d’achat » aux travailleurs. Le manque à gagner serait alors compensé par une augmentation de 1,7 point de la CSG, un impôt acquitté par plus de monde.

Autre nouveauté proposée par M. Macron : la mise en place d’un système de bonus-malus sur les cotisations chômage acquittées par l’employeur afin que « ceux qui mettent le plus de personnes au chômage payent le plus », explique-t-on dans l’entourage de M. Macron. Comprendre : ceux qui ont le plus recours aux CDD. Encore flou, notamment sur le périmètre de sa mise en place, le dispositif demeure encore à préciser.

Hamon, la méthode douce

Parmi les grands candidats, seul Benoît Hamon résiste à la tentation du changement et maintient le paritarisme. « Les cotisations sociales sont acquittées par les travailleurs et les employeurs, c’est donc normal que le régime soit géré par les partenaires sociaux », explique Guillaume Balas, coordinateur du projet de M. Hamon. Cela dit, explique-t-il « il faut réfléchir à moderniser et à renouveler la manière de faire. Peut-être en instaurant un système tripartite avec l’Etat ». Le candidat désigné par le Parti socialiste semble donc préférer la médecine douce.

Très attaché au paritarisme, Jean-Luc Mélenchon, le candidat de La France insoumise, souhaite, pour sa part, garder le système en l’état.