Pour la Saint-Valentin, les amants chastes se donnent rendez-vous à Pompéi
Pour la Saint-Valentin, les amants chastes se donnent rendez-vous à Pompéi
Par Grecelia Herrera
A l’occasion de la fête des amoureux, la Casa dei Casti Amanti ouvre exceptionnellement.
D’ordinaire, à Pompéi, la foule concupiscente se presse à l’entrée des dix chambres du lupanar, dans la région VII des fouilles – de loin l’endroit le plus bondé du site archéologique italien. Or, cette année, à l’occasion de la Saint-Valentin, les amoureux disposeront d’un lieu de rendez-vous autrement innocent pour se dire « Ti amo » et faire grimper la température : la Casa dei Casti Amanti (la maison des chastes amants), accessible aux visiteurs l’espace de quelques jours.
« Nous l’ouvrons pour la Saint-Valentin parce que nous voulons que le public puisse le voir avant de fermer le site pour reconstruire le toit et une structure de soutien », indique Michele Granatiero, architecte en chef du projet. La maison est située le long de la Via dell’Abbondanza, artère centrale de la ville (decumanus maximus en latin).
Cette habitation d’un boulanger fortuné, qui y fit construire un jardin, un moulin et des étables, s’étend sur 1 500 m2. La Casa dei Casti Amanti doit son nom à la fresque disposée dans le triclinium, pièce centrale de la domus où les convives festoyaient. Ce chef-d’oeuvre de raffinement représente, avec des couleurs vives et un soin méticuleux, deux amants qui échangent un chaste baiser. Si elle invite à la rêverie érotique, la scène ne cède pas à l’obscénité d’autres fresques pompéiennes : ici, point de phallus en érection, alors symbole de fertilité, censé éloigner le mauvais œil.
La vie suivait son cours pour les habitants de Pompéi jusqu’à l’éruption du Vésuve, le 24 août de l’an 79, qui provoqua l’ensevelissement du site et précipita la disparition des cités de la région.
Un patrimoine fragile
Les premières explorations de la Casa dei casti Amanti ont lieu en 1912, mais les bombardements Alliés détruisent les quelques éléments rassemblés. Des fouilles plus intensives, débutées en 1982, se poursuivent jusqu’en 2004. Depuis, l’ensemble n’a été que brièvement ouvert au public en 2010.
Pompéi, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, a accueilli 3,2 millions de visiteurs en 2016 – en Italie, seul le Colisée de Rome attire plus de monde. Cependant, si son succès ne faiblit pas, le site manque de moyens financiers, ce qui altère la maintenance des édifices. Des écroulements se sont produits ces dernières années, dus aux défauts d’entretien et aux intempéries. Avis aux Valentins, donc : veillez à ce que vos éruptions érotiques laissent la Casa intacte.