Facebook accélère le rythme dans la vidéo en ligne. Mardi 14 février, le réseau social a confirmé le prochain lancement d’une application pour les écrans de télévision. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie « video first », commencée il y a près de trois ans et qui vise à faire de Facebook un concurrent à YouTube, la très populaire plate-forme de Google. Et ainsi à grappiller une part plus importante du marché de la publicité vidéo sur Internet.

Selon les estimations du cabinet eMarketer, celui-ci devrait atteindre, en 2020, près de 17 milliards de dollars (16 milliards d’euros) aux Etats-Unis, soit trois fois plus qu’en 2014. « La vidéo est une tendance lourde qui a le même impact que le mobile, réaffirmait, le 1er février, le fondateur et patron de Facebook, Mark Zuckerberg, en marge de la publication des résultats financiers. C’est pour cela que nous allons continuer à mettre les vidéos en avant sur l’ensemble de nos applications. »

La nouvelle application sera lancée dans « quelques semaines ». Elle sera d’abord disponible sur l’Apple TV et la Fire TV, les boîtiers du groupe à la pomme et d’Amazon, et sur les télévisions connectées fabriquées par Samsung. « Nous voulons que nos utilisateurs puissent regarder les contenus sur tous les écrans », explique Don Rose, vice-président chargé des partenariats. Dans un premier temps, aucune publicité ne sera diffusée. A terme, Facebook espère bien grignoter sur les budgets télé des annonceurs.

Attirer des youtubeurs

L’application permettra de visionner des vidéos sauvegardées depuis un smartphone ou un ordinateur. Elle suggérera aussi des clips en fonction des centres d’intérêt. « Réussir la transition du mobile à la télévision va être compliqué, estime toutefois Jan Dawson, analyste chez Jackdaw Research. Sur un smartphone, les vidéos sont un moyen d’occuper son temps en attendant le bus ou pendant une coupure publicitaire. Il n’est pas certain que les gens souhaitent les regarder sur leur télé. »

Par ailleurs, le groupe de Menlo Park, en Californie, a annoncé d’autres changements. Désormais, les vidéos seront automatiquement jouées avec le son. Cette modification, qui pourrait susciter le mécontentement des utilisateurs, est un moyen de satisfaire les annonceurs. En outre, il sera bientôt possible de regarder une vidéo sur l’application mobile tout en continuant de parcourir le fil d’actualité.

L’offensive de Facebook a véritablement commencé en septembre 2014, avec l’introduction de vidéos qui se déclenchent automatiquement dans le fil d’actualité des utilisateurs.

Depuis, la société, qui compte 1,8 milliard de membres, a plusieurs fois modifié son algorithme, afin d’accorder une place toujours plus importante à ces clips. En 2016, elle a également ajouté la possibilité de diffuser et de regarder des vidéos en direct, payant certains médias, comme le New York Times et Buzzfeed, pour produire des contenus.

La société cherche toujours la bonne formule

Début 2016, Facebook assurait que ses membres visionnaient plus de cent millions d’heures de vidéo par jour sur sa plate-forme. Mais le réseau social ne veut plus simplement être un endroit où ses utilisateurs regardent des contenus postés ou partagés par leurs amis. Il souhaite devenir une destination où les internautes se rendent spécifiquement pour regarder des vidéos.

En 2016, Facebook a ainsi créé un espace spécifique, à l’image de YouTube, et facilement accessible depuis ses applications mobiles. Selon le Wall Street Journal, le groupe aurait également entamé des discussions avec les grands studios de télévision pour créer des contenus de qualité. Il espère aussi profiter de son audience massive pour attirer des youtubeurs, en leur proposant de partager les recettes publicitaires.

Sur ce point, la société est encore loin du compte. Elle cherche toujours la bonne formule. Facebook ne souhaite en effet pas s’inspirer du modèle mis en place par YouTube, où les vidéos sont précédées de clips publicitaires. Le réseau social commence tout juste à tester de petites coupures publicitaires, de quinze secondes au maximum, pendant les vidéos. L’enjeu est important : sans modèle économique, les créateurs de contenus ne resteront pas sur la plate-forme.

Les responsables de l’entreprise espèrent que la vidéo constituera le prochain relais de croissance. Depuis plusieurs mois, ils préviennent que la hausse des recettes va ralentir en 2017. Et que la place commencera à manquer pour insérer toujours plus de publicités sur leurs plates-formes. Facebook cherche de nouvelles formes de monétisation. En janvier, le réseau social a lancé une phase de tests en Australie pour afficher des spots sur Messenger, son application de messagerie instantanée.