Film sur OCS Max à 20 h 40

The Lady In The Van - Bande-annonce VF
Durée : 01:41

La dame dans la camionnette s’appelle Mary Shepherd. Dans les années 1970, elle décida de garer le véhicule, qui était aussi son domicile, sur l’allée conduisant au garage d’Alan Bennett, un jeune dramaturge en vogue, qui venait de s’installer dans une rue de Camden, arrondissement londonien en voie d’embourgeoisement.

Pendant quinze ans, la vieille femme sans domicile fixe et le jeune écrivain cohabitèrent – coexistence qui donna naissance à un récit et à une pièce de théâtre, adaptée à la radio puis au cinéma. Pour incarner Mary Shepherd, Alan Bennett se tourna, dès 1999, vers Maggie Smith.

Dame Maggie Smith, 81 ans, joue la comédie depuis plus de soixante ans. Le rôle de la comtesse douairière de Grantham qu’elle a tenu d’une main de fer de 2010 à 2015 dans la série Downton Abbey a transformé sa renommée en célébrité. Et, pourtant, c’est bien grâce à Mary Shepherd qu’on se souviendra de la fin de carrière de Maggie Smith. Quelles que soient les imperfections du film, il restera comme l’une des plus déchirantes peintures de la folie qui soit, par la seule force de son interprétation.

Ni adorable ni pitoyable

Non que The Lady in the Van soit une tragédie, ce n’est pas le style d’Alan Bennett, ironiste brillant, qui se met ici en scène sans complaisance. Sous les traits de l’acteur Alex Jennings, on le découvre en « célibataire endurci », comme on le disait encore dans les années 1970, mauvais fils qui ne va voir que rarement sa mère, vivant dans le nord de l’Angleterre, terreau ­prolétarien de la lignée. Pourtant, il accepte que Miss Shepherd gare son van puant dans son jardin. Et, bon gré, mal gré, il prend en charge la vieille femme.

Elle n’est pourtant ni adorable ni pitoyable. Autoritaire, capricieuse, elle vit dans un monde à part où la musique est une souffrance, la Vierge Marie, un secours, et la persécution des bonnes âmes qui veulent bien s’intéresser à elle, un hobby. Elle exploite sans vergogne ni reconnaissance la culpabilité d’un voisinage qui ne rêve que de la voir partir.

THE LADY IN THE VAN | Nicola Dove

Et si le scénario dévoile très ­méthodiquement les secrets de la souffrance qui rendit folle Miss Shepherd, son interprète dispense ces révélations avec une grande finesse, si bien qu’on a l’impression de pénétrer dans les recoins de cet esprit troublé. Et la conclusion un peu mièvre du film n’enlève rien à la force de ce qui a précédé, à cette exploration du continent que personne ne veut visiter, la folie, à laquelle Maggie Smith donne toute son humanité.

The Lady in the Van, de Nicholas Hytner. Avec Maggie Smith, Alex Jennings (GB, 2015, 104 min).