Cédric Herrou, dernier-né des robins des droits
Cédric Herrou, dernier-né des robins des droits
M le magazine du Monde
L’agriculteur, passeur de migrants, revendique ses actes de désobéissance civile. Et se félicite que le parquet a fait appel de sa faible condamnation, le 10 février. Avant lui, d’autres militants ont bravé la loi pour une cause qu’ils estiment juste.
2017 : amende avec sursis pour le passeur de migrants
Malgré sa condamnation à 3 000 euros avec sursis, Cédric Herrou a annoncé qu’il compte poursuivre son aide aux migrants. | ASM/Sipa
Cédric Herrou, agriculteur, hébergeait des migrants africains qu’il faisait passer d’Italie en France. Le 10 février, il a été condamné à 3 000 euros d’amende avec sursis pour aide au séjour d’étrangers en situation irrégulière. Il a annoncé qu’il « continuerai[t] à agir ». À la barre, Cédric Herrou a justifié son action : « Je le fais parce qu’il faut le faire. Des gens sont morts sur l’autoroute, un État a mis des frontières en place et n’en gère absolument pas les conséquences. » Six jours plus tard, le parquet de Nice a fait appel de cette condamnation bien plus faible que la peine requise par le procureur de la République (huit mois de prison avec sursis). Samedi 18 février, l’agriculteur a publié une réaction sur son compte Facebook, sous la forme d’une lettre ouverte dans laquelle il s’adresse, avec ironie, au procureur.
2015 : relaxe pour le voleur de chaises
Le militant altermondialiste a été relaxé dans son procès l’opposant à la BNP Paribas pour un vol en réunion dans une des succursales de la banque, le 19 octobre 2015. | Renaud Bouchez/Society/Signatures
Jon Palais volait les sièges dans les banques pour dénoncer l’évasion fiscale. Il appartient aux Faucheurs de chaises, mouvement altermondialiste qui, fin 2015, avait réquisitionné 196 chaises en pleine COP 21. Selon eux, les sommes détournées par la fraude des banques auraient pu financer la transition écologique. En octobre 2015, la BNP Paribas a porté plainte contre ce militant pour « vol en réunion ». Il a été relaxé.
2013 : tolérance pour les justiciers de l’énergie
Le militantisme de Dominique Liot pour la défense d’un vrai service public est toléré par EDF. | Eric Cabanis/AFP
En 2013, Dominique Liot, ancien salarié d’EDF, racontait dans un livre (Comment nous résistons aux coupures de EDF-GDF, Éd. Le vent se lève) comment, avec les Robins des bois de l’énergie, il avait rétabli le courant ou le gaz de personnes en grande difficulté. C’est la défense d’un vrai service public qui guide leurs actions clandestines. Un militantisme illégal, patronné par la CGT et toléré par EDF.
Reportage chez quelques-unes des 12 millions de personnes qui souffrent de ne pas pouvoir assumer leurs besoins en énergie.
Précarité énergétique : « Ma pension me permet de vivre, pas d’avoir un chauffage »
Durée : 04:42
2005 : prison ferme pour le faucheur d’OGM
José Bové, figure de proue des faucheurs volontaires. | Christine Palasz/Photo PQR/ Le Midi Libre/ MaxPPP
À la grande époque des destructions de cultures d’OGM, dans les années 2000, ils étaient 6 700 militants à revendiquer le droit à un environnement sain. José Bové a lancé le mouvement en 1999, détruisant une serre de confinement dans laquelle étaient menés des travaux sur du riz génétiquement modifié. En 2005, il a été condamné à quatre mois de prison ferme pour « dégradation volontaire en réunion ».
1996 : expulsion de squatteurs de logements
Le Comité des mal-logés, ancêtre du DAL et de Jeudi noir. | Silvere Gérard/Reservoir Photo
Dès 1986, le Comité des mal-logés organise des squats dans des logements vacants à Paris, afin d’alerter sur la situation de ceux qui ne trouvent pas de toit dans la capitale. Ses militants en seront expulsés en 1990. Mais ce groupe a ouvert la voie à d’autres formes de contestation, comme Droit au logement (DAL), à partir de 1990, ou le collectif Jeudi noir, créé en 2006 pour dénoncer la flambée des loyers.