Inquiétudes au sujet de la maison natale de Vélasquez
Inquiétudes au sujet de la maison natale de Vélasquez
Par Grecelia Herrera
Le duo de couturiers espagnols, Victorio & Lucchino, propriétaire de la demeure à Séville, est contraint de s’en séparer.
A l’ombre des habitations colorées, rien ne distingue la maison dans laquelle grandit le peintre Diego Vélasquez (1599-1660) à Séville, si ce n’est une plaque discrète sur le mur. Il y vécut jusqu’à l’âge de 11 ans avant d’être placé en apprentissage auprès de Francesco Pacheco dont il épousa la fille Juana, en 1618. C’est ce lieu qu’ont choisi José Victor Rodriguez Caro (Victorio) et José Luis Medina del Corral (Lucchino) pour y installer leur atelier de couture, dans les années 1980.
Or il y a péril en la demeure. Héritière d’un riche passé, son avenir est incertain. Une gestion hasardeuse serait à l’origine de la liquidation judiciaire visant l’entreprise des couturiers. Faute de fonds suffisants, Victorio & Lucchino n’ont pas réussi à rembourser leurs dettes, de plus de 9 millions d’euros, indique la revue Semana. Déclarés insolvables en 2013, ils optent pour l’hypothèque en guise de remboursement. Il se voient contraints aujourd’hui de se séparer de leur atelier qu’ils avaient ouvert au public à l’occasion du mondial d’athlétisme de Séville en 1999.
« Qualités architecturales originales »
Le Plan Général d’Ordonnance Urbaine de la ville souligne que « par ses qualités architecturales originales, (…) ou son importance dans l’histoire de la ville, la demeure doit faire l’objet d’une protection ». Cependant, elle est à la merci de l’administration qui statuera sur l’insolvabilité des propriétaires. Sollicités par El Pais, ces derniers sont restés silencieux. Parmi les possibilités évoquées : la mise en vente de la maison ou sa transformation en musée. En creux se dessine la question de la conservation du patrimoine dans un pays affecté par la crise de 2008. La maison est classée dans le catalogue de planification urbaine comme un « édifice sous protection partielle de niveau 1 ». Ce qui signifie que si des rénovations ou extensions peuvent être envisagées, sa démolition est prohibée.
Dans une tribune du quotidien El Pais, le directeur des infrastructures culturelles de Séville émet des réserves quant à la tranformation de la maison en musée : « Une ville comme Séville, qui a tant besoin d’infrastructures muséales modernes et rénovées » doit bénéficier de « l’attention de toutes les administrations, fondations et institutions culturelles pour préserver son patrimoine et concentrer toutes les volontés afin que la vraie maison de Vélasquez soit le musée des beaux-arts de la ville ».