Le président Donal Trump, lors de la Conférence d’action politique conservatrice, organisée au Gaylord National Resort dans le Maryland, le 24 février. | ALEX WONG / AFP

Depuis son arrivée à la Maison Blanche, le nouveau président américain, Donald Trump, est le roi des « fake news ». Chaque jour ou presque, lui et son administration relaient sans scrupule des informations fausses, accusant les médias de dissimuler la vérité ou de déformer leurs propos. Lorsque la réalité ne lui convient pas, le milliardaire décomplexé la déforme. Et désormais, il rêve de faire de même avec les statistiques.

L’information a été révélée par le Wall Street Journal du 20 février. Depuis, la polémique enfle outre-Atlantique. Selon le quotidien financier, l’équipe de Trump a en effet demandé aux statisticiens du commerce extérieur de plancher sur une nouvelle méthode pour établir les chiffres de la balance commerciale.

L’idée ? Exclure du calcul des exportations les « réexportations », c’est-à-dire les biens transitant par le territoire états-unien avant d’être exportés ailleurs. Comme les voitures fabriquées au Mexique puis envoyées au Canada.

Une ficelle un peu grosse

Avantage de la manipulation ? Mieux refléter l’état réel du commerce américain, assure la Maison Blanche. Le déficit commercial, notamment celui avec le Mexique, apparaîtrait ainsi bien plus massif qu’il ne l’est aujourd’hui. La ficelle est un peu grosse. Mais fort de ces chiffres bidouillés, M. Trump bénéficierait d’un argument clé pour rallier un maximum d’élus à son projet : renégocier l’accord de libre-échange nord américain (Alena) unissant Mexique, Canada et Etats-Unis, et qu’il estime responsable de la désindustrialisation de son pays.

Manipuler les statistiques pour servir son dessein protectionniste ? Une méthode « idiote, malhonnête et dangereuse », a dénoncé Larry Summers, l’ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton. Comme lui, nombre d’experts redoutent que ce genre d’arrangements statistiques ne nuise à la crédibilité de la politique économique américaine. Heureusement, il n’est pas sûr que le projet soit validé.

Mais l’administration Trump ne s’arrêtera probablement pas là. Mercredi 22 février, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a ainsi annoncé qu’il tablait sur une croissance de 3 % fin 2018, soit plus que ce que prévoit le Fonds monétaire international (2,5 %). Depuis plusieurs jours, les économistes américains s’inquiètent de voir la Maison Blanche établir son budget sur des prévisions de croissance bien trop optimistes. Car, plan de relance ou pas, les Etats-Unis arrivent en fin de cycle économique et font face, comme l’Europe, à une productivité déclinante, rappelle le Prix Nobel d’économie Paul Krugman, dans le New York Times du 20 février. Pour lui, l’attitude du nouveau président porte un nom : « l’arrogance économique »…

La chronique : Allô ! Washington ?