Ligue 1 : capitaine « Pat’» et le naufrage de l’OM
Ligue 1 : capitaine « Pat’» et le naufrage de l’OM
Par Léo Anselmetti
Patrice Evra, arrivé de la Juventus au mercato d’hiver, devait incarner le nouvel OM conquérant. Las, il a sombré comme toute son équipe face au PSG.
Patrice Evra, dimanche 26 février au Vélodrome. | BERTRAND LANGLOIS / AFP
« Tonton Pat’ne lâchera rien », avait prévenu Patrice Evra lors de son arrivée à Marseille. Présenté comme le « premier coup » du nouveau patron de l’Olympique de Marseille, l’Américain Frank McCourt, le transfert de l’international français de la Juventus Turin lors du mercato d’hiver devait jeter les bases d’un nouvel OM conquérant.
Las, noyé par les vagues parisiennes, « Tonton Pat’» a apparemment abdiqué, à l’image de son équipe, ridiculisée 5 à 1 dimanche dans un Stade-Vélodrome sous affluence record (65 252 spectateurs). Lui qui était venu pour « embêter les jeunes », se voit embêter par ceux des équipes adverses. Les Parisiens Lucas et Meunier se sont fait un malin plaisir de lui rappeler que ses 35 ans commencent à peser. Alternant entre les entraînements et les soins depuis une blessure à la cuisse contractée à Lyon le 31 janvier, Patrice Evra avouera après coup avoir « un peu tenté l’impossible » lors de ce classico français, finalement sans grande saveur.
Submergé, Evra lâchait Marquinhos au marquage dès la 6e minute de jeu pour une tête marquant l’ouverture du score. A l’image de sa collision avec Rolando lors une tentative d’interception sur Lucas (23e), qui aurait pu se transformer en but gag si le Brésilien n’avait pas fait preuve d’égoïsme, Evra a été mis en danger sur chacune des accélérations parisiennes. Un carton jaune et vingt minutes d’approximations plus tard, Rudi Garcia a sonné la fin du calvaire de son capitaine d’un soir à la pause (2-0), le jugeant trop « en délicatesse ». Son remplacement par Bédimo au retour des vestiaires n’aura rien changé. Les Parisiens ont continué à dérouler leur jeu sans jamais subir de réelle opposition.
« On n’a pas respecté l’OM »
"Peut-être que leur équipe est meilleure que la nôtre, mais ils ne pourront pas être plus affamés que nous », annonçait Evra sur BeIN Sports avant la rencontre. Revendiquant un rôle de leader qu’il aime tant, guidant de la voix ses coéquipiers de l’échauffement jusqu’au coup d’envoi, il a très vite déchanté. « On est passés complètement à côté, on a même oublié de jouer notre football. Les seuls qui ont été à la hauteur sont les supporters. Je suis désolé pour eux. » Il y a deux semaines, à Nantes, le latéral gauche avait déjà été l’un des symboles de la faiblesse de la défense marseillaise (3-2), impliqué de près ou de loin sur les trois buts des Canaris. Dans une rencontre gênante de facilité parisienne, la sensation d’avoir été dupé paraît compréhensible. Car le club Marseillais n’en finissait plus de communiquer autour d’un classico qu’il se voyait gagner, dans la continuité du « Champion Project » de Frank McCourt, le nouveau propriétaire. Après un mercato hivernal jugé de qualité, les réalités du terrain montrent tout le chemin qu’il reste à parcourir. Evra aura au moins bien résumé la situation : « On n’a pas respecté l’OM ! Prendre une gifle comme ça fait du bien pour ceux qui pensaient que Marseille était revenu sur le devant de la scène car Payet et Evra sont arrivés, mais ça ne marche pas comme ça. » Malgré toute sa détermination à galvaniser ses troupes, c’est une véritable « gifle », comme le titre La Provence, qu’a subie Marseille lors d’une défaite historique.
Olympique de Marseille - Paris Saint-Germain (1-5) - Highlights - (OM - PSG) / 2016-17
Durée : 03:28
Images :
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Une défaite historique
A moins de vingt-quatre heures du match, Jacques Henry Eyraud, le président de l’Olympique de Marseille, déclarait que « l’identité marseillaise c’est la rébellion, l’insoumission, le goût du combat ». Encore faut-il le prouver. Et encore moins montrer le contraire comme ce dimanche soir, en subissant sa plus large défaite face au PSG depuis 1978, déjà sur le score de 5 à 1, au Parc des Princes. Mais cette fois, c’est au Vélodrome que les Parisiens ont trouvé par cinq fois le chemin des filets. Cela faisait soixante-quatre ans qu’ils n’avaient pas pris une telle raclée dans leur antre, pourtant galvanisée par plus de 65 000 spectateurs chauffés à blanc… pour un 14e match sans victoire face au PSG (12 défaites et 2 nuls). Unai Emery, l’entraîneur parisien, déclarait après la rencontre que cette « victoire était importante pour le championnat car il fallait poursuivre Monaco et Nice ». Pas un mot sur l’OM. Preuve d’une différence de niveau qui étouffe petit à petit la rivalité entre ces deux clubs…
Le match aller paraît loin, très loin. Le 23 octobre dernier, Rudi Garcia, fraîchement nommé sur le banc olympien, réussissait son pari en ramenant un point du Parc des Princes, synonyme de fin de série de dix défaites consécutives encaissées par l’OM face à ses rivaux de la capitale, toutes compétitions confondues. Sans manière ni tir cadré, certes, mais le résultat était là. La dernière victoire marseillaise face au PSG remonte au 27 novembre 2011, sur le score de 3 à 0 au Vélodrome. Une éternité pour les Marseillais.
Et maintenant, Monaco
Les Marseillais quittent leur pelouse, l’air abattu. | FRANCK PENNANT / AFP
Suite à la débâcle, Rudi Garcia a positivé : « On a pris une bonne claque, on va voir comment le groupe va réagir. » Pour sauver leur saison, les Marseillais devront remporter la Coupe de France. Mais il faudra se débarrasser de Monaco, solide leader du championnat, en huitièmes de finale, mercredi. Autant dire que face à la meilleure attaque d’Europe, la défense marseillaise devra montrer beaucoup plus que face au PSG. Ce sera sans Evra, qui a d’ores et déjà annoncé être « certainement indisponible pendant un moment, peut être un mois » suite à sa blessure musculaire à la cuisse. Reviendra-t-il en force afin d’avoir une chance de boucler la boucle lors de la prochaine Coupe du monde en Russie ? Quoi qu’il en soit, Kurzawa lui a montré que la concurrence serait certainement plus rude que prévue. Les Marseillais, en pleine reconstruction, auront besoin d’un « Tonton Pat’» au top de sa forme afin d’atteindre leur objectif et terminer dans les cinq premiers de Ligue 1 pour espérer décrocher un ticket européen. En attendant la Ligue des champions, que Frank McCourt a annoncé vouloir gagner à terme, « l’OM Champion Project » a encore bien du travail devant lui.