Jean-Luc Mélenchon visite la ferme des Bayottes, à Pierrefitte-en-Beauvais (Oise), le 27 février. | FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Pour l’occasion, Jean-Luc Mélenchon a sorti ses bottes de caoutchouc et son imperméable noir. Lundi 27 février, le candidat de La France insoumise a organisé un contre-Salon de l’agriculture en se rendant dans une exploitation bio de l’Oise. Déjà en 2016, le député européen avait snobé ce rendez-vous des politiques jugé comme le temple de l’agriculture intensive. « Je doute que je convainque qui que ce soit au Salon de l’agriculture, justifie-t-il. Ma présence ici ne vaut pas distanciation. Mais on montre, on illustre différemment. Et puis ça fait de plus jolies images. »

Attendu en début d’après-midi, M. Mélenchon a été accueilli par la pluie avant qu’un rayon de soleil n’éclaire la ferme des Bayottes que Pierre Bailleux et sa compagne Olivia Renaud exploitent, avec deux autres agriculteurs, à Pierrefitte-en-Beauvaisis et Saint-Germain-de-la-Poterie. Ce couple de trentenaires produit des légumes, du lait, quelques céréales et des fromages bio vendus en direct à la ferme ou en AMAP. Bref, en circuit court. Chacun des associés se rémunère environ 1 000 euros par mois, soit plus que leur prédécesseur qui était en « agriculture chimique ».

Pour l’ex-leader du Front de gauche, cette ferme est une illustration parfaite de ce qu’il souhaite développer. Son programme en la matière se veut très ambitieux et s’articule autour de la promotion d’une « agriculture paysanne ». Création de 300 000 emplois agricoles, arrêt des projets de « fermes usines » comme celle « des 1 000 vaches », développement de l’agriculture biologique, interdiction des pesticides ou encore « objectif d’une alimentation 100 % biologique locale dans la restauration collective ». Le tout porté par la « planification écologique » dont le candidat de la gauche radicale a fait sa marque de fabrique. « Ici, on prouve que c’est possible, souligne M. Mélenchon. Mais sauf à procéder à une collectivisation forcée qui n’a jamais rien donné, il faut un peu de patience. »

« C’est l’agriculture qui nous intéresse ! »

De la patience, les journalistes venus suivre le déplacement en avaient peu à revendre et souhaitaient faire réagir l’ancien socialiste sur l’alliance qui n’a pas pu être nouée avec son ex-camarade du PS, Benoît Hamon. Son attachée de presse avait pourtant prévenu : pas de question sur le sujet. Un reporter s’y est quand même risqué. « Je veux bien signer des papiers mais ça n’engage jamais à rien », a d’abord indiqué le cofondateur du Parti de gauche avant de finalement s’agacer et lâcher, en se retournant vers ses voisines immédiates : « Demandez aux vaches ! C’est l’agriculture qui nous intéresse ! »

Après avoir échangé avec M. Mélenchon, Pierre Bailleux se tient un peu en retrait. Ce dernier se dit « convaincu » par le système qu’il promeut et espère que le candidat à la présidentielle l’a aussi été. Là-dessus, peu de doute pour celui qui n’a cessé de vanter le modèle proposé à la ferme des Bayottes. L’agriculteur ne souhaite cependant pas dire à qui ira son vote en avril mais laisse entendre que ce ne sera pas à M. Mélenchon. « Ce n’est pas parce que j’invite quelqu’un que je suis du même bord que lui », se contente-t-il de répondre.