Jeux vidéo : autonomie réelle, ergonomie, bugs… la Switch de Nintendo au banc d’essai
Jeux vidéo : autonomie réelle, ergonomie, bugs… la Switch de Nintendo au banc d’essai
Par William Audureau
Après l’échec de la Wii U, le géant historique du jeu vidéo revient vendredi 3 mars avec une nouvelle console, portable et de salon. Pixels l’a essayée.
Nintendo est de retour. Le vendredi 3 mars, la firme de Kyoto lance sa nouvelle console, une machine audacieuse qui s’utilise aussi bien sur téléviseur, comme une PlayStation 4, qu’en voyage, comme un iPad ou une 3DS ; pour un coût d’environ 300 euros.
Pixels a passé une semaine avec, équipé du jeu d’aventure The Legend of Zelda : Breath of the Wild. A défaut d’avoir pu tester toutes ses fonctionnalités, notamment en ligne (les serveurs de Nintendo n’étaient pas encore actifs), nous avons pu mettre la machine à l’épreuve.
- Que vaut son autonomie ?
Nintendo avait annoncé que sa nouvelle machine tiendrait vaillamment entre deux heures trente et six heures, selon le type d’usage et de jeu. Chronomètre en main, il lui a fallu très précisément trois heures et deux minutes pour se décharger complètement pendant une partie en train de The Legend of Zelda : Breath of the Wild, qui est, a priori le titre le plus gourmand en énergie de la console. L’activation ou non du Wi-Fi et du Bluetooth, ou encore les conditions extérieures de luminosité, qui influent sur le réglage automatique de l’écran, sont susceptibles de faire grandement varier ce résultat.
- Et pour la recharger ?
Un marathon ! Il nous a fallu trois heures sept minutes pour que la batterie de la console, posée sur son dock, repasse de 0 % à 100 % de charge. Ce sont toutefois les derniers pourcentages qui ont été les plus longs à retrouver : au bout d’une heure et quarante minutes, la Switch affichait déjà plus de 70 % d’autonomie. A noter qu’au cours de ce test, la petite bécane de Nintendo nous a délivré deux ou trois petites châtaignes (merci l’électricité statique).
La Switch en configuration console de salon : la console est dockée dans sa station d’accueil, à droite. | W.A.
- Comment se passe la transition entre mode TV et mode portable, et inversement ?
Tout simplement en posant ou en retirant la console de son dock. Tout se fait de manière automatique, la Switch basculant d’elle-même vers l’affichage sur le téléviseur quand elle est posée sur sa station d’accueil, ou sur son écran embarqué quand elle en est retirée, le tout en deux secondes maximum à chaque fois.
Il arrive toutefois que certains ratés aient lieu. Il faut bien veiller à poser le corps de la machine au centre de son dock, sans quoi elle n’est pas reconnue. En outre, après une longue session de jeu sur téléviseur, la batterie n’est jamais à 100 %, mais plutôt entre 85 % et 90 %, selon nos constatations. En outre, le corps de la machine peut être assez chaud.
- Comment est la qualité de l’écran ?
Redoutablement bonne. La diagonale est confortable (quinze centimètres, un peu moins que l’iPad mini), la définition précise (720 p), et le contraste appuyé. La Switch offre tout simplement le meilleur écran de console portable depuis la PS Vita première génération, et une expérience proche des phablettes (smartphones géants).
Mention spéciale pour l’ajustement automatique de la luminosité, qui permet même de jouer dans le train malgré le soleil sur l’écran. Il faut espérer que des applications de vidéo à la demande, comme Netflix ou OCS, arriveront rapidement dessus. En revanche, l’écran n’est pas invulnérable à l’huile de chips, et garde trace des doigts mal léchés.
- Que vaut l’OS de la Switch ?
Nintendo a traumatisé pas mal de joueurs avec les menus à bloc de la Wii et de la Wii U, simplistes, et leur musique de fond tirée d’un film d’horreur dans lequel les héros seraient coincés deux heures dans l’ascenseur d’un dentiste. Sur Switch, surprise, le système d’exploitation est discret, élégant et efficace – pas de musique de fond, des pages épurées, une organisation parlante.
Seul hic : à l’heure où nous écrivons, les réseaux de Nintendo n’étant pas encore actifs, il était impossible de tester les nombreuses fonctionnalités et applications en ligne, dont le magasin d’applications de la console.
La Switch en mode nomade, avec ses manettes Joy-Con amarrées. | W.A.
- Comment fonctionnent les « Joy-Con », les manettes détachables ?
D’une manière générale, plutôt bien. Au début, il y a quelque chose de déconcertant dans l’idée même de décrocher les deux extrémités de la console en mode portable, pour les assembler en manette. Mais l’opération est très simple – juste un bouton à l’arrière pour les désolidariser du bloc –, prend quelques secondes à peine, et leur retour sur la Switch donne même droit à une petite animation étonnante pour vous signaler qu’elles ont bien été insérées.
Par rapport à la Wii, il faut souligner à quel point leur synchronisation est simple, rapide et efficace. En revanche, plusieurs médias ont constaté qu’en mode manette séparée, il arrive qu’un des deux Joy-Con perde le signal avec la console et ne réponde plus pendant quelques instants. Rien de très grave, mais mieux vaut ne pas être au milieu d’un combat avec un boss.
- Qu’en est-il de l’ergonomie ?
Elle offre un excellent compromis entre manette de salon classique, volumineuse, et configuration portable riquiqui, comme celle de la PS Vita ou de la Nintendo 3DS. Concrètement, les boutons sont tous un peu petits, mais restent parfaitement fonctionnels pour jouer confortablement à des jeux simples comme complexes. Tout en restant étonnamment fine, la Switch offre par ailleurs une bonne prise en main, grâce à ses rebords arrondis et ses petits boutons de tranche qui épousent la forme des doigts.
La manette Pro Controller, vendue séparément, propose une ergonomie plus traditionnelle, avec une configuration des touches identiques, mais plus d’épaisseur et de surface.
Très modulable, la Switch permet de jouer sur télé, en mode console portable, ou même en mode écran d’appoint. | W.A.
- Les premières séries de consoles présentent parfois des défauts de fabrication ou des problèmes de fiabilité. Qu’en est-il ?
Il est encore trop tôt pour le dire, mais outre les problèmes très occasionnels de déconnexion des Joy-Con, il nous est déjà arrivé, ainsi qu’à nos confrères du site spécialisé Gamekult, que la console refuse de redémarrer après une mise en veille, donnant l’impression de ne plus fonctionner. Il faut alors patiemment la redémarrer en restant appuyé longtemps sur le bouton d’alimentation.
- Parlons des vrais problèmes. Rentre-t-elle dans une poche de jean ?
Oui, si c’est une poche arrière ou une poche avant de jean d’homme, mais non, si c’est une poche avant de jean de femme. En vrai, quel que soit le modèle, elle en dépasse de près de la moitié de son format, et il semble assez inimaginable de la transporter ainsi. En revanche, elle rentre dans une poche intérieure de manteau, même si en raison de sa masse et de son poids, elle ne passe pas inaperçue pour le porteur.
- Verdict ?
Difficile d’être définitif, plusieurs fonctionnalités n’ayant pu être testées. Mais sur sa promesse centrale, celle d’une console utilisable n’importe où à sa guise, le pari de Nintendo est tenu. Malgré quelques microdysfonctionnements techniques ça et là, on se laisse séduire par la simplicité de l’objet. Et une fois habitué à celui-ci, difficile d’admettre qu’on ne peut docker son smartphone sur sa télé ni emmener sa box Internet dans le métro. Bref, une vraie avancée pour de nombreux joueurs en manque de temps disponible.