Un frère d’Adama Traoré et sa compagne mis en examen
Un frère d’Adama Traoré et sa compagne mis en examen
Le Monde.fr avec AFP
Soupçonnés d’avoir tiré sur des gendarmes, Bagui Traoré et sa compagne avaient été placés en garde à vue mardi. La famille Traoré dénonce un « acharnement » de l’Etat.
Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille Traoré, a demandé le dessaisissement des juges d’instruction de Pontoise dans cette affaire. | JACQUES DEMARTHON / AFP
Bagui Traoré, 26 ans, le frère d’Adama Traoré, mort dans le cadre d’une interpellation entre les communes de Beaumont-sur-Oise et de Persan (Val-d’Oise) en juillet 2016, ainsi que sa compagne ont été mis en examen à Pontoise, jeudi 2 mars. Ils sont soupçonnés d’avoir fait feu sur des gendarmes et des policiers lors des violences qui s’en étaient suivies, a affirmé leur avocat, Me Yassine Bouzrou.
Le couple a été mis en examen jeudi pour des faits de « tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Il doit être présenté dans la soirée à un juge des libertés et de la détention en vue d’un éventuel placement en détention provisoire, a précisé Me Bouzrou.
Dépaysement réclamé
La sœur de Bagui, Assa Traoré, et sa mère, ont également été entendues, pour leur part en tant que témoins. La famille Traoré a dénoncé « un acharnement du tribunal de Pontoise », a ajouté l’avocat. Il demande le dessaisissement des juges d’instruction de Pontoise, à l’instar du dépaysement à Paris ordonné dans l’enquête sur la mort d’Adama Traoré.
A la suite de la mort d’Adama Traoré, le 19 juillet, des violences avaient éclaté à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), d’où il était originaire, et dans les communes voisines. Une information judiciaire avait été ouverte pour « tentatives d’assassinat et dégradation par moyens dangereux », et l’enquête confiée à la section de recherches de Versailles.
En décembre, Bagui Traoré avait été condamné à huit mois de prison ferme pour outrages et violences à l’égard de policiers municipaux et gendarmes, constatés lors d’un rassemblement organisé en marge d’un conseil municipal à Beaumont-sur-Oise en novembre. Son frère Ysoufou s’était vu infliger six mois de prison, dont trois avec sursis, pour outrages et menaces de mort.
Manifestation samedi
Adama Traoré a trouvé la mort lors d’une arrestation. Il avait été maintenu au sol sous « le poids des corps » de trois gendarmes, selon une source proche de l’enquête. Malgré deux autopsies, la cause du décès n’a pu être établie avec certitude, mais les médecins ont mis en évidence un « syndrome asphyxique ». Sa famille dénonce une « bavure » des gendarmes.
Le comité de soutien à Adama Traoré a annoncé qu’une manifestation aurait lieu samedi à Beaumont-sur-Oise. Le cas du jeune homme s’est trouvé de nouveau au cœur du débat public depuis que Théo L., 22 ans, a été victime d’un viol présumé à la matraque lors d’une interpellation début février à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).