Le 2 mars 2017, Emmanuel Macron candidat "En Marche " à la présidentielle, présente son programme au Pavillon Gabriel dans le 8eme arrondissement de Paris. S'en suivra un échange avec les journalistes présents. | LAURENCE GEAI POUR LE MONDE

Emmanuel Macron n’y a pas été par quatre chemins. En meeting à Caen, samedi 4 mars, le candidat d’En marche a lancé un appel aux « électeurs de la droite et du centre qui doutent et se sentent floués » à le rejoindre, suite aux démêles judiciaires de François Fillon.

« Le renouveau démocratique, nous en avons furieusement besoin [mais] il ne sera pas demain dans la rue au Trocadéro », a expliqué l’ancien ministre de l’économie, en référence à la manifestation de soutien à M. Fillon organisée dimanche 5 mars à Paris par l’équipe de campagne de l’ancien premier ministre.

« Cela, ça a un nom, une histoire, cela s’appelle la réaction », a ajouté M. Macron devant quelque 3000 personnes venues l’écouter au parc des expositions de la ville normande, où il a détaillé les six chantiers qu’il comptait mener s’il était élu : l’éducation et la culture, le travail, la modernisation de l’économie, la sécurité, le renouveau démocratique et l’international.

A différentes reprises, l’ancien protégé de François Hollande s’en est pris à son adversaire de la droite, mais aussi à Marine Le Pen, dont il évite pourtant de citer le nom lors de ses réunions publiques. « Nous ne participerons à aucune attaque contre la justice et son bien-fondé, a-t-il notamment lancé. Nous ne jouerons jamais avec le discours de peur (…), nous refuserons la peur et le repli. »

« Le revenu universel ? Non merci »

En détaillant ses propositions en matière d’agriculture, un sujet important aux yeux des électeurs normands, M. Macron a aussi fustigé l’idée d’une « PAC française » avec des frontières fermées, « ça ne marche pas ». Au contraire, il a plaidé pour « une Europe plus forte ». « L’Europe, c’est ce qui nous rend plus fort dans ce monde ouvert », a-t-il plaidé.

Emmanuel Macron a aussi lancé plusieurs signaux aux électeurs de droite en martelant sa préférence pour le travail plutôt que pour le revenu universel défendu par Benoît Hamon. « Le revenu universel ? Non merci (…), je ne fais pas partie du camp des défaitistes », a-t-il assuré, avant de lancer qu’il ne voulait « plus entendre qu’il est plus intéressant de ne pas travailler que de travailler dans notre pays ».

Cette partie de son discours a été très applaudie, comme lorsqu’il a répété que les chômeurs perdraient leurs indemnités en cas de refus de deux emplois successifs.

Toujours à recherche d’une position d’équilibre entre gauche et droite, Emmanuel Macron a aussi égratigné François Hollande lors de son meeting, même s’il ne l’a pas nommé. « Je ne vous proposerai pas la déchéance [de nationalité] pour les terroristes, cela ne sert à rien, cela nous divise », a ainsi expliqué l’ancien ministre, en référence à la proposition faite par le chef de l’Etat après l’attentat de Nice et qui était finalement restée lettre morte faute de majorité.

De la même façon, le candidat d’En marche s’est permis un tacle aux écologistes, et ce même si l’ex-ministre de l’environnement Corinne Lepage se trouvait au premier rang de son meeting, au côté notamment du député européen Jean-Marie Cavada, du député PS Stéphane Travert ou encore du maire centriste de Deauville Philippe Augier.

« Je n’ai jamais considéré que le nucléaire était une maladie », a osé M. Macron, alors qu’il est régulièrement attaqué pour son manque de convictions écologistes. L’ancien ministre a néanmoins plaidé pour un développement des énergies renouvelables, afin de parvenir à un meilleur équilibre en matière énergétique.