Le Kazakh Dimash Kudaibergen a fait sensation lors d’un télé-crochet chinois en reprenant « SOS d’un terrien en détresse ». | Capture d'écran Web

Il porte le maquillage pâle inspiré des stars coréennes. De quoi plaire au public essentiellement féminin du télé-crochet chinois « Geshou 2017 » (« Chanteur 2017 », anciennement « Je suis un chanteur »), diffusée sur Hunan Télévision, la deuxième chaîne la plus regardée du pays. Le Kazakh Dimash Kudaibergen, né en 1994, entame SOS d’un terrien en détresse, « Pourquoi je ris, pourquoi je pleure… », en français. La prononciation laisse à désirer mais le public n’y voit que du feu. Dans l’ancien bloc soviétique, la comédie musicale Starmania, dont est issu le morceau, a fait l’objet d’une tournée et les chansons résonnent encore dans l’oreille collective. Mais, en Chine, elle est inconnue. Ce qui n’empêche pas le public chinois d’exulter quand Dimash s’envole dans les aigus sur la phrase « J’aimerais mieux être un oiseau ».

« La plupart des Chinois ne savent pas où est le Kazakhstan, mais ils connaissent maintenant au moins un Kazakh ! » Lam Yiceng, une fan

Depuis la diffusion de sa prestation, le 21 janvier, le jeune homme triomphe sur les réseaux sociaux. Il n’était pourtant pas évident de présenter un Kazakh, célèbre entre les seules frontières de son pays, au milieu de vedettes chinoises déjà connues. « Je pense que la plupart des Chinois ne savent pas où est le Kazakhstan, mais ils connaissent maintenant au moins un Kazakh ! », témoigne Lam Yiceng, une fan de 25 ans. Les Kazakhs font pourtant partie des 55 minorités chinoises reconnues. Ils forment une communauté de 1,4 million de personnes, principalement établies dans la province occidentale du Xinjiang, mais c’est peu rapporté à une population de 1,4 milliard d’habitants…

Les émissions de télé-crochet ont fait leur apparition dans le pays il y a six ans. Mais passé l’effet de nouveauté, « The Voice of China » ou « Je suis un chanteur » ont perdu en audience ; et les sociétés de production cherchent un nouveau départ. Le jeune Dimash Kudaibergen est le signe d’une ouverture vers l’étranger. « The Voice of China », elle, vient recruter jusqu’en France, mais à une condition : que les concurrents parlent couramment mandarin. Résultat : pour l’instant, seuls des Chinois d’origine ont été sélectionnés. L’année dernière, c’est une Chinoise vivant à Londres qui a été choisie comme « candidate européenne » parmi plusieurs centaines de concurrents.

« Xiexie » ne fait pas tout

L’outsider Dimash qui, le 18 février, a entonné Uptown Funk, de Mark Ronson et Bruno Mars, pourra-t-il remporter le show lors de la finale, le 22 avril ? Il lui faudra pour cela surmonter un important handicap : faire face à des stars chinoises parfois sur le retour mais dont les tubes résonnent souvent dans les karaokés locaux.

Lui ne parle pas un mot de mandarin, à part xiexie (« merci »), qu’il répète en fin de performance. On le voit peiner à retenir en phonétique sa première chanson en mandarin, passage obligé pour s’assurer le soutien du public. Mais la langue ne fait pas tout : « Une fois passée la surprise de sa voix, j’ai plus de mal à ressentir de l’empathie », explique Chen Ling, un jeune Shanghaïen. « Il est tellement mignon », répond Lam Yiceng, qui croit à sa victoire. Il aura au moins gagné l’attention de plus de Chinois que le Kazakhstan ne compte d’habitants (18 millions). De quoi lancer une carrière. Et s’assurer de juteux cachets dans les mois à venir.

Dimash Kudaibergen interprète Starmania… à sa façon

Димаш Құдайбергенов "I am Singer" Hunan tv Dimash Kudaibergen
Durée : 04:41