Diffamé sur Facebook, un réfugié syrien voit sa plainte contre Facebook rejetée
Diffamé sur Facebook, un réfugié syrien voit sa plainte contre Facebook rejetée
Par Perrine Signoret
Selon la justice locale, le réseau social n’aurait pas pour rôle de prévenir activement la publication de montages douteux.
Anas Modamani (à gauche) aux côtés de son avocat, sur les bancs de la cour de Würzburg. | KARL-JOSEF HILDENBRAND / AFP
Pour Anas Modamani, un réfugié syrien de dix-neuf ans, tout a commencé en décembre 2015, par un simple selfie… Celui-ci le montre en veste kaki, léger sourire au bord des lèvres, aux côtés de la chancelière Angela Merkel. Un cliché en apparence des plus banals, mais qui devient très vite l’objet des plus folles rumeurs.
A de nombreuses reprises, il circule ainsi sur Facebook, souvent photoshopé et avec pour légende une accusation mensongère : Anas Modamani serait l’auteur d’attentats terroristes en Europe. Face à l’ampleur que prennent ces rumeurs, le jeune homme se trouve vite dépassé.
En janvier, son avocat, Jun Chan-jo, décide alors de déposer une injonction préliminaire auprès de la cour de Würzburg, en Allemagne. Il espère qu’à l’issue d’un éventuel procès, Facebook puisse être condamné non pas seulement à supprimer les posts diffamatoires, mais aussi à les rechercher activement et à empêcher leur diffusion, même lorsqu’ils n’ont pas été signalés par les utilisateurs. Il s’agit, en effet, d’une condition nécessaire jusqu’à présent.
« Toute cette histoire ne s’arrêtera jamais »
Mardi 7 février, le tribunal a finalement rejeté cette plainte. Il a estimé en effet que la responsabilité du réseau social n’avait pas lieu d’être engagée, dès lors qu’il n’était pas à l’origine et ne participait pas activement à la propagation de fausses informations.
De son côté, Facebook a toujours plaidé l’absence d’outil magique pour éviter que le selfie d’Anas Modamani ne continue à alimenter les fantasmes de certains internautes.
L’un de ses porte-parole a toutefois affirmé au Guardian que les modérateurs continueraient à supprimer les contenus douteux signalés le plus vite possible. Au début de l’année, Anas Modamani avait déclaré au Spiegel : « j’aime Facebook, parce que j’ai trouvé une maison grâce au réseau. Mais je [le] déteste aussi, parce que toute cette histoire de Photoshop ne s’arrêtera jamais. »