Santé : une manifestation pour défendre le service public et les patients
Santé : une manifestation pour défendre le service public et les patients
Par Agathe Touny
Ils étaient entre 10 000 et 12 000 à défiler dans les rues de Paris pour dénoncer leurs conditions de travail.
Manifestation contre la loi santé à Paris, le 15 mars 2016. | REUTERS/GONZALO FUENTES
Blouse blanche par-dessus leur manteau, des centaines d’infirmières arrivent sur la place Denfert-Rochereau, à Paris, mardi 7 mars. A l’appel de l’intersyndicale CGT-FO-SUD, elles sont venues manifester contre la précarisation de leur métier et la dégradation de l’accueil des patients.
Infirmière au CHU d’Angers, Céline, la trentaine, évoque une situation jamais vue dans les services d’urgence : « Il y a dix ans, on ne mourrait pas d’un infarctus faute de personnel médical. Aujourd’hui, on renvoie chez eux des patients dans des états plus que limites, simplement par manque de lits. Venez dans n’importe quel CHU du pays, vous hallucinerez de voir l’état des urgences ! »
Aides-soignants, travailleurs sociaux et orthophonistes se sont également déplacés pour participer à la mobilisation, dans une ambiance bon enfant. Tous dénoncent un manque de moyen et une course à la rentabilité.
« Avec la tarification à l’acte et les réformes successives, nos métiers sont devenus précaires. On nous dit d’être polyvalents, mais c’est toujours au détriment du patient. Ce n’est pas comme ça que j’ai appris à faire mon métier », confie Cécile, infirmière à Poitiers.
« Ça me met dans une colère froide »
La plupart des manifestants avaient déjà défilé le 8 novembre 2016, lors d’une manifestation qui avait déjà rassemblé des milliers de professionnels de santé partout en France, et dénoncent le statu quo : « Quand on a des collègues qui se suicident parce qu’ils ne peuvent plus supporter leur souffrance et celle des patients, c’est quand même le signe que quelque chose ne va pas. Pourtant, rien ne change, et moi, ça me met dans une colère froide », explique Camille, aide-soignante à Marseille.
Une pancarte « Les orthophonistes vont disparaître » dans les mains, Justine, encore étudiante, manifeste elle aussi sa colère : « Avant même d’entrer dans le monde professionnel, on sait qu’on sera en difficulté. Salaires à peine plus haut que le smic, manque de reconnaissance… Ça décourage ! »
Dénonciation de l’austérité
Les syndicats ont également profité de ce grand rassemblement pour appeler à une abrogation de la loi Touraine, et notamment le principe des groupements hospitaliers de territoire (GHT) qu’ils considèrent comme un danger pour le service public. « Ces groupements, c’est une privatisation de l’hôpital et un moyen à peine voilé de faire des économies de personnel », affirme Philippe, aide-soignant.
Partout dans le cortège, l’appel à la fin des politiques d’austérité résonne. « Ils nous maltraitent », « Macron, Touraine : abrogation » ou encore « C’est vous les casseurs » : les manifestants scandent leur peur de voir le service public disparaître et veulent se faire entendre, à moins de deux mois de la présidentielle.