A Grenoble, une usine presque neuve part à la casse
A Grenoble, une usine presque neuve part à la casse
LE MONDE ECONOMIE
L’usine de pâte Ecocis a été liquidée le 21 février par le tribunal de commerce de Grenoble, faute de repreneur.
L’immense machine à sécher la pâte d’Ecocis. | Denis Cosnard
Quel gâchis ! A Voreppe, près de Grenoble, une très grande usine presque neuve est sur le point de partir à la casse. En dépôt de bilan depuis octobre 2016, l’entreprise de pâte à papier Ecocis a été liquidée le 21 février par le tribunal de commerce de Grenoble, faute de repreneur. A présent, la communauté d’agglomération s’apprête à remettre une offre pour acheter les lieux, 15 hectares bien placés, le long de l’Isère, entre les massifs de la Chartreuse et du Vercors.
« L’objectif consiste à démanteler le site proprement, pour que cela ne reste pas une friche industrielle, explique le maire (LR) de Voreppe, Luc Rémond. Les machines seront revendues et les bâtiments, détruits, afin de repartir d’un terrain vierge. Nous avons déjà des demandes d’entreprises riveraines qui souhaitent s’agrandir. »
Un escroc pour les salariés
Des usines livrées aux ferrailleurs, la France en a déjà compté des milliers. Mais rarement des installations modernisées à grand prix et n’ayant presque pas tourné, comme à Voreppe. Après avoir survécu à deux premières liquidations judiciaires, le site avait bénéficié en 2016 d’une importante relance. Cette vieille usine de papier avait alors été transformée en usine de pâte. Une immense machine à sécher la pâte avait été achetée d’occasion en Finlande, démontée, transportée en morceaux et réassemblée en Isère. Au printemps, elle avait produit ses premières tonnes. « Le chiffre d’affaires devrait s’approcher de 60 millions d’euros cette année », avec une belle marge à la clé, promettait le nouveau propriétaire, l’Allemand Martin Gruschka.
Tout s’est arrêté le 29 août 2016, faute d’argent. Depuis plusieurs mois, les fournisseurs n’étaient plus payés. Peu à peu, les salariés ont découvert, atterrés, les pratiques de M. Gruschka. Ils en sont désormais convaincus : celui qui se présentait comme leur sauveur et plaide aujourd’hui la maladresse n’était qu’un escroc, décidé à mettre la main sur les millions apportés par son partenaire, Bpifrance.
Sale moment pour les 51 salariés
Depuis, la banque publique a porté plainte et deux juges d’instruction étudient le dossier. Cela n’a pas empêché la fermeture. Ni la liquidation. Les uns après les autres, tous les candidats intéressés par la reprise ont renoncé, alors même que Bpifrance jugeait le projet industriel toujours crédible et était prêt à y participer de nouveau. Mais cette succession de dépôts de bilan a sans doute fait peur. Et les pouvoirs publics n’ont pas pu mobiliser de grand industriel français : dans ce secteur, il n’y en a plus aucun.
Ces derniers jours, le personnel s’accrochait à une dernière piste, celle d’un petit groupe scandinave. Elle n’a pas abouti. Lundi 6 mars, le liquidateur a fait partir les lettres de licenciement. Sale moment pour les 51 salariés qui tentaient de faire revivre l’usine. Sur place, les irréductibles papetiers se sentent abandonnés.