TV : « Showrunner » : anatomie d’un métier
TV : « Showrunner » : anatomie d’un métier
Par Renaud Machart
A voir aussi ce soir. Dix-huit épisodes font le tour de ce métier devenu essentiel dans le cadre des séries télévisées, anglo-saxonnes ou européennes (sur Série Club à 23 h 55).
Qu’est-ce qu’un showrunner ? Tom Fontana, qui fut celui de la mémorable série carcérale Oz, définit son métier par une formule assez plaisante : « Un showrunner fait tout sauf le repassage. » L’Américain fait partie de ceux dont la série documentaire Showrunner dresse le portrait. Déjà diffusée en 2011 par OCS, elle est à nouveau proposée par la chaîne Série Club depuis le 16 février, à raison d’un épisode chaque jeudi vers minuit.
Tentons une définition de ce métier de créateur-producteur : chef d’orchestre ? Directeur artistique, plutôt. C’est-à-dire celui qui, de l’atelier d’écriture, où s’activent les auteurs, au plateau, où s’incarnent l’ensemble des décisions artistiques, supervise le déroulement du tournage et vise le résultat obtenu.
Alan Ball, le créateur des séries « Six Feet Under » et « True Blood ». | Non affecté
Le métier s’est même imposé en France, avec le cas éminent du réalisateur Eric Rochant et de la série Le Bureau des légendes. « Absolument tout repose sur ses épaules, confiait au Monde Camille de Castelnau, qui seconde Rochant aussi bien dans l’écriture que dans la production. C’est une spécificité de cette série. Comme aux Etats-Unis, les réalisateurs eux-mêmes sont au service de son scénario, de ses directives, ce qui correspond à une hiérarchie inverse de nos vieilles habitudes françaises. Sur cette série, c’est l’écriture qui a le pouvoir. »
Audaces en série
« Une série est ce qu’il y a de plus dur à faire, dit, dans l’un des épisodes, Clyde Phillips, le showrunner de Dexter. Toute la gloire va aux gens de cinéma, mais c’est facile de filmer deux pages par jour. Nous, c’est huit, et 22 épisodes par an, un film de cinéma équivalant à 2 épisodes. » Près de sept ans après la captation de ces propos, il ne fait quasiment pas de doute qu’il ne dirait plus tout à fait la même chose, tant les séries sont devenues un lieu de créativité de premier plan, avec des audaces que ne s’autorise pas toujours le cinéma.
D’ailleurs, les plus grands metteurs en scène réalisent aujourd’hui des séries (Jane Campion, Martin Scorsese et même Woody Allen, qui n’a cependant pas caché qu’il avait accepté de signer Crisis in Six Scenes pour Amazon pour des questions d’argent). Et des acteurs comme Nicole Kidman, Meryl Streep ou Kevin Spacey acceptent eux aussi – pour des cachets parfois colossaux – de jouer pour le petit écran.
Showrunners, série documentaire d’Anthony Dubé et Virginia Vosgimorukian (Fr., 2011-2013, 18 × 29 min).