Deux hommes écroués pour le viol d’un militant LGBT algérien à Marseille
Deux hommes écroués pour le viol d’un militant LGBT algérien à Marseille
Le Monde.fr avec AFP
Le parquet a ouvert une information judiciaire, sans retenir le caractère homophobe du crime.
Deux hommes ont été mis en examen et écroués à Marseille pour la séquestration et le viol d’un militant LGBT algérien réfugié en France, a appris l’Agence France-Presse (AFP) samedi 11 mars auprès du parquet.
La victime, Zak Ostmane, pense avoir été droguée vendredi 3 mars, alors qu’elle buvait une bière dans un bar LGBT du centre de Marseille, a raconté à l’AFP Véronique Godet, déléguée Paca de SOS homophobie, qui a recueilli son témoignage. Le militant, dont le discernement était altéré, selon ses termes, a suivi un homme dans un hôtel, où une autre personne les a rejoints. Après avoir bu une autre bière, il s’est endormi, et s’est réveillé alors que les deux hommes le violaient. « Ils se sont servis de lui comme d’un punching-ball », ajoute Véronique Godet.
Visage tuméfié
Des photos de Zak Ostmane, le visage tuméfié, ont circulé sur internet après l’agression. Pendant sa séquestration, l’Algérien, âgé de 35 ans, a pu observer ses agresseurs. Il a relevé chez l’un d’entre eux un accent anglais, chez l’autre un accent américain. Il a identifié l’un deux comme un légionnaire, l’autre comme un déserteur de la légion étrangère.
L’agression de Zak, qui a fui l’Algérie du fait de son militantisme LGBT, a pris fin dimanche matin après qu’il a aperçu des policiers à la fenêtre de la chambre d’hôtel, et attiré leur attention en criant. Les policiers l’ont secouru et arrêté les deux agresseurs.
Le « caractère homophobe ne fait aucun doute »
Le parquet a ouvert une information judiciaire notamment pour viol et séquestration et violences aggravées, sans retenir le caractère homophobe du crime. L’association SOS homophobie va soutenir Zak Ostmane dans ses démarches. Elle doit décider le 14 mars si elle se portera partie civile dans ce dossier. Son « caractère homophobe ne fait aucun doute », dit Véronique Godet.
Arrivé en France en 2014 comme journaliste freelance, Zak Ostmane milite au sein d’une association d’entraide pour les Maghrébins victimes d’homophobie, Shams France. Zak Ostmane est l’auteur en 2016 d’un essai autobiographique intitulé Genre interdit : nos années noires, entre totalitarime et obscurantisme. Mes luttes, ma liberté, mon exil (2016). Il se décrit comme « un jeune blogueur algérien, écrivain engagé pour le droit des minorités ».
Véronique Godet affirme : « les violences à l’encontre des LGBT est plus présente dans les grandes villes, mais pas plus à Marseille qu’ailleurs ». Elle note une difficulté supplémentaire pour les homosexuels maghrébins, qui sont « dans une situation très compliquée » selon elle. Sur son site web, SOS homophobie rapporte qu’en 2016, « les jeunes homosexuel-l-e-s à la rue ont été 35 % plus nombreux à contacter l’association Le Refuge pour trouver un abri, tandis que SOS homophobie recensait près de 1 318 témoignages de discrimination ».