« Le FBI ne veut pas de porte dérobée dans le chiffrement »
« Le FBI ne veut pas de porte dérobée dans le chiffrement »
Par Martin Untersinger (Austin (Etats-Unis), envoyé spécial)
Selon le principal juriste du FBI, James Baker, environ un millier d’appareils soumis au dernier trimestre 2016 à la police fédérale n’ont pas pu être déchiffrés.
Selon le principal juriste du FBI, James Baker, environ un millier d’appareils soumis au dernier trimestre 2016 à la police fédérale n’ont pas pu être déchiffrés. | Martin Untersinger / Le Monde
Le directeur du FBI, James Comey, devait s’exprimer lors du festival technologique SXSW, qui se déroule à Austin (Etats-Unis), du 10 au 14 mars. L’événement était doublement prometteur.
D’abord, il aurait dû faire face à un public essentiellement démocrate, dont beaucoup voient dans sa décision de rouvrir temporairement l’enquête visant les e-mails de Hillary Clinton, juste avant l’élection, une des raisons ayant poussé Trump au pouvoir. Ensuite, il aurait eu à s’exprimer devant des professionnels des nouvelles technologies, qui n’ont toujours pas totalement digéré le bras de fer entre le FBI et Apple, l’an passé, qui a vu la police fédérale demander au géant de la Silicon Valley de déverrouiller un des téléphones des terroristes de San Bernardino.
Bref, les débats s’annonçaient juteux. Ils ne le furent guère : retenu à Washington, M. Comey a dépêché lundi 13 mars au Texas son juriste en chef, James Baker, qui a délivré un discours policé et convenu. Il est longuement revenu sur le sujet du chiffrement, objet d’un bras de fer pendant de longs mois aux Etats-Unis, qui a atteint son paroxysme dans l’affaire entre Apple et le FBI. Les autorités estiment que les mécanismes de protection des données présents sur un nombre croissant d’appareils et de messageries entravent leurs enquêtes, notamment antiterroristes.
« Nous devons agir avant la catastrophe »
« Le FBI soutient le chiffrement solide, qui protège nos informations personnelles et les systèmes informatiques du gouvernement. Nous ne voulons pas de porte dérobée », a insisté M. Baker. « Le chiffrement a d’énormes avantages, mais il a aussi un coût, qui retombe sur nous », a-t-il cependant expliqué.
Selon lui, les autorités n’ont pas réussi à convaincre le public des difficultés que leur pose le chiffrement des données dans leurs enquêtes :
« Nous devons mieux présenter la manière dont le chiffrement nous impacte. Il nous fait perdre des moyens d’enquêter et nous oblige à recourir à d’autres techniques, plus dangereuses, comme des agents infiltrés. »
James Baker a précisé qu’environ un millier d’appareils soumis à l’expertise du FBI ont résisté aux tentatives de déchiffrement sur les trois derniers mois de l’année 2016.
Le principal juriste de la police fédérale aimerait trouver « une solution pour les données au repos [stockées dans des appareils et non en transit]. Nous ne voulons pas attendre qu’un événement tragique nous fasse agir précipitamment, nous devons agir avant la catastrophe. » Sans pour autant préciser ce qu’il avait derrière la tête.