Voies sur berge : Valérie Pécresse prône une « circulation apaisée »
Voies sur berge : Valérie Pécresse prône une « circulation apaisée »
Par Rémi Barroux, Patricia Jolly
Reprochant à la Mairie de Paris de ne pas avoir prévu de mesures compensatoires pour la banlieue, la région Ile-de-France avance son plan.
A Paris, en octobre 2016. | FRANCOIS GUILLOT / AFP
Hasard du calendrier et de la météorologie, la région Ile-de-France a présenté ses « scénarios alternatifs de piétonnisation douce » et « mesures compensatoires à la fermeture des voies sur berge », mardi 14 mars, jour d’un niveau pic de pollution qui a incité la Mairie de Paris à décréter le stationnement résidentiel gratuit. Devançant la fin de la période d’expérimentation des voies sur berge piétonnes prévue le 26 mars, la présidente de la région (LR), Valérie Pécresse, a exposé sa riposte au dispositif lancé par la maire Anne Hidalgo.
Accompagnée de Chantal Jouanno, vice-présidente chargée de l’écologie et du développement durable, et du professeur Pierre Carli, médecin chef du SAMU de Paris et président du Comité régional de suivi et d’évaluation des impacts de la piétonnisation des voies sur berge à Paris, Mme Pécresse a dévoilé deux scénarios alternatifs « pour rendre la piétonnisation plus douce ».
Selon les estimations du comité d’évaluation, qui regroupe notamment les représentants d’Airparif, de Bruitparif, du Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF), l’accroissement du temps de parcours aux heures de pointe, entre janvier 2016 et janvier 2017, était de 39 % le matin (+ 3 min) et de 73 % (+ 7,5 min) sur la partie haute entre la place de la Concorde et le port de l’Arsenal. La mesure de bruit sur les quais hauts aurait varié de + 60 % à + 125 % selon les points étudiés. Et les émissions de polluants auraient, elles, augmenté de 50 % pour les NOx comme pour les particules fines.
Partant de ce constat, le comité, mis en place par l’exécutif régional de droite à la veillede la fermeture à la circulation automobile de la voie express Georges-Pompidou, le 18 octobre 2016, propose la « création d’une voie de circulation apaisée » sur le quai bas, « en ouvrant la voie de sécurité, actuellement réservée aux secours, à la circulation de véhicules roulant à 30 km/h ». Des sorties permettraient la remontée vers les voies hautes. Une alternative consisterait à utiliser cette même voie, sur le quai bas, pour une circulation à 50 km/h, « afin d’assurer le transit entre la Concorde et l’Arsenal », sans dégagement vers la partie haute.
« Des variantes sont possibles, a expliqué Mme Pécresse au Monde. On peut envisager de n’ouvrir cette voie que l’hiver, qu’aux heures de pointe ou encore de la réserver aux véhicules les moins polluants : électriques, hybrides, vélos… »
Au total, une douzaine de « mesures compensatoires » sont avancées par la région, parmi lesquelles la création de « six carrefours intelligents » dans Paris, soit la « gestion en temps réel des feux de circulation en fonction de l’état du trafic ». La région préconise aussi « l’optimisation de la circulation des véhicules de services urbains », notamment en modifiant les horaires des services de propreté, et la « réorganisation des chantiers qui bloquent la circulation ». Mme Pécresse propose encore la création de mille places de parking aux portes de Paris (porte d’Auteuil, porte Maillot et porte de Bercy), une étude exploratoire sur la relance d’une navette fluviale, le renforcement de la ligne 1 de métro, ou la création d’un bus électrique « à haut niveau de service », véhicule à grande capacité circulant sur une voie dédiée entre le parc de Saint-Cloud et la gare de Lyon.
« Main tendue »
Critiquant la façon dont la piétonnisation des voies sur berge a été décidée par Anne Hidalgo, « sans concertation, sans aucune mesure compensatoire pour les habitants de banlieue », la présidente de région dit vouloir « apaiser le débat » avec ces solutions. « C’est une main tendue à 50 millions d’euros que mettrait la région, y compris dans la création des carrefours intelligents dans Paris », dit-elle.
Mme Pécresse soutient le professeur Pierre Carli, qui demande une prolongation de trois mois de la période d’expérimentation. « Il faut absolument que l’on dispose d’une année pleine pour évaluer les conséquences de cette piétonnisation en toute saison, avec les pics de pollution fréquents en mai et juin, plaide Valérie Pécresse. Il faut aller jusqu’à l’été et à la mise en place de Paris Plages ».
De son côté, la ville de Paris, qui dit ne pas avoir eu connaissance des propositions de Mme Pécresse, rappelle que le sujet de « l’organisation de la circulation et de la voirie est de la compétence de la commune ». « La région est dans un dogme de la fluidité de la circulation qui est une autre façon de prolonger la politique du tout-automobile », estime Christophe Najdovski, adjoint aux transports de la ville, qui insiste sur le « succès » que représente la piétonnisation des voies sur berge.